Ils sont près de 8 000 pêcheurs partis en chômage technique, depuis que la Mauritanie a fermé sa frontière maritime pour un repos biologique. Si certains, frappés par le manque d’argent, prennent la mer pour aller pêcher dans les eaux sénégalaises, d’autres, au prix de leur vie, les franchissent pour trouver le poisson dans la partie mauritanienne. ‘’Nous sommes désolés d’entrer sur le territoire d’autrui, car nos eaux n’ont pas de poissons. Elles n’ont que des sardinelles, alors que le (poisson) noble se trouve en Mauritanie’’, tente d’expliquer Moussa Dièye, âgé de 26 ans. Comme la plupart des pêcheurs de son âge, Moussa défie l’autorité. Il souligne que ce défi se justifie par le fait de vouloir survivre. ‘’On ne peut pas cultiver. On a que la mer pour vivre’’, dit-il avec dépit.
Repos biologique
Selon le jeune pêcheur, il est du ressort des autorités sénégalaises de mener une politique de repos biologique, pour rendre poissonneuses leurs côtes. Pour lui, c’est de cette manière seulement qu’on peut pallier les exigences mauritaniennes. ‘’Nos voisins ne collaborent pas. Ils sont jaloux de leurs ressources halieutiques. Pourtant, leurs troupeaux, notamment les moutons et les chameaux, viennent paître sur nos terres sans bourse délier et sans tambour, ni trompette’’, se lamente un sexagénaire assis à côté du jeune Moussa Dièye.
Théière sur le feu, l’odeur du thé se dégage. Au fil de la discussion, les esprits s’échauffent. Tous pointent un doigt accusateur sur leur ministre de tutelle. ‘’Oumar Guèye négocie mal avec la Mauritanie’’, martèle Ibrahima Sarr, aux yeux rouges qui témoignent de son manque de sommeil, comme la plupart de ces jeunes. ‘’Nous ne dormons plus du fait du stress. On n’a rien à faire, notre vie est menacée’’, poursuit le jeune Sarr. Qui reconnait toutefois que l’actuel gouvernement a beaucoup fait, en facilitant l’accès au matériel de pêche.
Mais là aussi, il fait remarquer que ce matériel ne sert à rien, car ils n’ont pas où pêcher. Pour l’heure, dans la Langue de Barbarie, c’est la désolation, la tourmente et le désarroi. Ici, on attend les 400 licences de pêche pour pouvoir opérer, en toute quiétude, dans la zone maritime mauritanienne. Si les licences sont acquises, le secteur de la pêche peut redécoller à Saint-Louis.
‘’Les 400 licences vont faire travailler au moins 40 pêcheurs à bord de deux embarcations, dans la mesure où il est souvent nécessaire d’utiliser une pirogue pour transporter les pêcheurs, suivie d’une autre pour convoyer le reste de l’équipage et le matériel de pêche’’, explique Vieux Mor Dièye. Ce dernier ne cesse de dissuader certains de ses jeunes frères d’aller en haute mer, afin d’éviter les garde-côtes de la Mauritanie. ‘’Ils peuvent arraisonner vos pirogues’’, avertit-il à un de ses frères assis autour du thé.
‘’Les Mauritaniens ont saboté notre riz au poisson’’
A Saint-Louis, comme on dit : si Guet-Ndar éternue, toute la ville s’enrhume. Dans la vieille ville, le riz au poisson, plat très prisé des Saint-Louisiens, est dévalué. Le ‘’coof’’ et le ‘’ngalagne’’ (poissons nobles) sont introuvables. Ce qui fait que les populations ont pris fait et cause pour les pêcheurs. ‘’Il faut que l’Etat arrive à régler les problèmes de ce secteur, car la pêche, comme le tourisme, occupe une place importante dans la vie quotidienne des natifs de Saint-Louis’’, déclare Abdoulaye Ndiaye, un comptable à la retraite trouvé sur la place Faidherbe. Avec humour et dérision, il lance : ‘’Les Mauritaniens ont saboté notre riz au poisson. Ils ne sont pas sérieux, nos frères d’à côté.’’
A Tendjiguène comme à Ndar Toute, principaux marchés de Saint-Louis, on y trouve que le poisson du fleuve. Et pourtant, se rappelle la dame Fatou Diouf, à pareil moment, il y a de cela dix ans, le poisson coulait partout. En effet, la période de la saison froide est le moment propice pour avoir du bon poisson. Selon certains pêcheurs, avec la glace en Europe, les poissons fuient pour venir se reproduire dans les eaux chaudes de la Mauritanie. ‘’On capturait de gros poissons et si la Mauritanie arrivait à nous octroyer les licences, à cet instant, les captures seraient importantes’’, explique Moussa Dièye.
Face à cette situation, les pêcheurs de la Langue de Barbarie attirent l’attention du chef de l’État pour que la signature des accords de pêche entre les deux pays soit effective. Ils doutent du respect des accords par l’Etat mauritanien.
http://www.enqueteplus.com
Repos biologique
Selon le jeune pêcheur, il est du ressort des autorités sénégalaises de mener une politique de repos biologique, pour rendre poissonneuses leurs côtes. Pour lui, c’est de cette manière seulement qu’on peut pallier les exigences mauritaniennes. ‘’Nos voisins ne collaborent pas. Ils sont jaloux de leurs ressources halieutiques. Pourtant, leurs troupeaux, notamment les moutons et les chameaux, viennent paître sur nos terres sans bourse délier et sans tambour, ni trompette’’, se lamente un sexagénaire assis à côté du jeune Moussa Dièye.
Théière sur le feu, l’odeur du thé se dégage. Au fil de la discussion, les esprits s’échauffent. Tous pointent un doigt accusateur sur leur ministre de tutelle. ‘’Oumar Guèye négocie mal avec la Mauritanie’’, martèle Ibrahima Sarr, aux yeux rouges qui témoignent de son manque de sommeil, comme la plupart de ces jeunes. ‘’Nous ne dormons plus du fait du stress. On n’a rien à faire, notre vie est menacée’’, poursuit le jeune Sarr. Qui reconnait toutefois que l’actuel gouvernement a beaucoup fait, en facilitant l’accès au matériel de pêche.
Mais là aussi, il fait remarquer que ce matériel ne sert à rien, car ils n’ont pas où pêcher. Pour l’heure, dans la Langue de Barbarie, c’est la désolation, la tourmente et le désarroi. Ici, on attend les 400 licences de pêche pour pouvoir opérer, en toute quiétude, dans la zone maritime mauritanienne. Si les licences sont acquises, le secteur de la pêche peut redécoller à Saint-Louis.
‘’Les 400 licences vont faire travailler au moins 40 pêcheurs à bord de deux embarcations, dans la mesure où il est souvent nécessaire d’utiliser une pirogue pour transporter les pêcheurs, suivie d’une autre pour convoyer le reste de l’équipage et le matériel de pêche’’, explique Vieux Mor Dièye. Ce dernier ne cesse de dissuader certains de ses jeunes frères d’aller en haute mer, afin d’éviter les garde-côtes de la Mauritanie. ‘’Ils peuvent arraisonner vos pirogues’’, avertit-il à un de ses frères assis autour du thé.
‘’Les Mauritaniens ont saboté notre riz au poisson’’
A Saint-Louis, comme on dit : si Guet-Ndar éternue, toute la ville s’enrhume. Dans la vieille ville, le riz au poisson, plat très prisé des Saint-Louisiens, est dévalué. Le ‘’coof’’ et le ‘’ngalagne’’ (poissons nobles) sont introuvables. Ce qui fait que les populations ont pris fait et cause pour les pêcheurs. ‘’Il faut que l’Etat arrive à régler les problèmes de ce secteur, car la pêche, comme le tourisme, occupe une place importante dans la vie quotidienne des natifs de Saint-Louis’’, déclare Abdoulaye Ndiaye, un comptable à la retraite trouvé sur la place Faidherbe. Avec humour et dérision, il lance : ‘’Les Mauritaniens ont saboté notre riz au poisson. Ils ne sont pas sérieux, nos frères d’à côté.’’
A Tendjiguène comme à Ndar Toute, principaux marchés de Saint-Louis, on y trouve que le poisson du fleuve. Et pourtant, se rappelle la dame Fatou Diouf, à pareil moment, il y a de cela dix ans, le poisson coulait partout. En effet, la période de la saison froide est le moment propice pour avoir du bon poisson. Selon certains pêcheurs, avec la glace en Europe, les poissons fuient pour venir se reproduire dans les eaux chaudes de la Mauritanie. ‘’On capturait de gros poissons et si la Mauritanie arrivait à nous octroyer les licences, à cet instant, les captures seraient importantes’’, explique Moussa Dièye.
Face à cette situation, les pêcheurs de la Langue de Barbarie attirent l’attention du chef de l’État pour que la signature des accords de pêche entre les deux pays soit effective. Ils doutent du respect des accords par l’Etat mauritanien.
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