Le Congrès a enfin relevé le plafond de la dette publique après un suspens beaucoup trop long. Le Sénat américain puis la Chambre des représentants ont adopté successivement dans la soirée à de larges majorités un texte de compromis dévoilé quelques heures plus tôt. Ce texte devait être promulgué par Barack Obama dans la foulée. Selon les termes du compromis, le Trésor est autorisé à emprunter jusqu'au 7 février, et l'Etat fédéral est financé jusqu'au 15 janvier. Par ailleurs, l'ensemble des fonctionnaires fédéraux mis au chômage technique depuis 16 jours à cause de l'impasse budgétaire ont été rappelés au travail ce jeudi.
Cette issue, ardemment souhaitée par les marchés, ne résout toutefois pas de manière durable les problèmes de fond. De fait, le compromis est provisoire et ne donne que quelques mois aux deux camps pour réconcilier leurs positions budgétaires. Une commission bicamérale doit être convoquée et élaborer d'ici le 13 décembre les contours d'un budget pour le reste de l'année 2014, une invitation au compromis dont se sont montrés jusqu'à présent incapables les élus du Congrès, divisé entre démocrates et républicains.
L'accord donne en tout cas raison à court terme au sang-froid des investisseurs qui depuis des semaines refusaient de croire que la folie partisane l'emporterait à Washington sur le pragmatisme. Le soulagement des investisseurs du monde entier devrait profiter au dollar, aux actions mais surtout aux obligations. Les doutes quant à un éventuel manque de ressources du Trésor pour payer toutes ses dettes à temps, avaient fait grimper les rendements obligataires ces derniers jours.
Le Trésor avait fixé au 17 octobre la date au-delà de laquelle, faute de relèvement par une loi au Congrès du plafond de la dette publique, il risquait de bientôt manquer de liquidités pour honorer toutes les créances fédérales. La date d'un défaut catastrophique du Trésor délibérément maintenue incertaine, avait été estimée entre le 22 et le 31 octobre.
L'impact du «shutdown» estimé à 24 milliards
La conséquence de l'accord est par ailleurs la remise au travail dès ce matin de l'ensemble des fonctionnaires fédéraux, otages depuis le 1er octobre d'un conflit idéologique entre la droite du Parti républicain et la Maison blanche. L'impact du «shutdown» sur l'économie, estimé à 24 milliards de dollars par l'agence Standard & Poor's, sera notable dans les statistiques d'octobre. Mais un rattrapage partiel dans les prochaines semaines devrait aussi se faire sentir, d'autant que généralement les fonctionnaires reçoivent rétrospectivement le salaire dont ils ont été privés durant la suspension du fonctionnement du gouvernement. S&P évalue l'impact sur la croissance au quatrième trimestre à 0, 6% de croissance, en rythme annualisé. Voilà qui paraît disproportionné pour une crise résultant d'un conflit idéologique qui n'a finalement débouché sur aucun réel progrès législatif.
Pour rassurant qu'il soit pour les marchés, le relèvement du plafond de la dette n'est censé durer que jusqu'au 7 février, voire quelques jours de plus. Comment être certain qu'un nouveau psychodrame ne se déclenchera pas dans les jours qui précèderont la prochaine échéance?
Le financement des opérations assuré que jusqu'à la mi-janvier
En outre le financement des opérations normales du gouvernement ne serait assuré que jusqu'à la mi-janvier. Selon les termes du compromis, le Trésor est autorisé à emprunter jusqu'au 7 février, et l'Etat fédéral est financé jusqu'au 15 janvier. Une négociation va s'ouvrir pour trouver une alternative éventuelle au régime des coupures automatiques de crédit en vigueur depuis mars. Les républicains n'aiment pas le caractère «aveugle» de ces réductions de crédit qui frappent pour moitié le Pentagone. À défaut de pouvoir le rendre plus flexible, ils préfèrent que le régime reste en vigueur car il garantit de réelles réductions de dépenses que les démocrates n'accepteraient pas normalement.
Enfin on peut redouter que les négociations sur la réduction du déficit à moyen et long terme, censées s'engager aujourd'hui et aboutir mi-décembre, échouent comme toutes celles lancées depuis l'été 2011. Une commission bicamérale doit en effet être convoquée et élaborer d'ici le 13 décembre les contours d'un budget pour le reste de l'année 2014, une invitation au compromis dont se sont montrés jusqu'à présent incapables les élus du Congrès, divisé entre démocrates et républicains.
Barack Obama renforcé
Surtout dans le climat exécrable qui règne entre la Maison blanche et les républicains, en dépit des appels à l'esprit bipartite lancé hier soir par Barack Obama. Le président a répété qu'il était «prêt à travailler avec tout le monde (...) sur n'importe quelle idée qui fera croître l'économie, créera des emplois, renforcera la classe moyenne et remettra en ordre le budget à long terme».
Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international, a également souligné le caractère temporaire de l'accord, et déclaré dans un communiqué qu'il était «essentiel de réduire l'incertitude entourant la conduite de la politique budgétaire en relevant le plafond de la dette d'une manière plus durable».
Dans l'immédiat la situation budgétaire américaine n'est certes pas «bonne», mais elle n'est pas «alarmante», avec un déficit budgétaire de l'ordre de 4% du PIB. En revanche pour corriger la tendance à long terme, l'Amérique doit réformer ses régimes sociaux. Or Barack Obama a toujours refusé d'entrer dans ce débat. Il posera probablement à nouveau des hausses d'impôts comme préalable à toute réduction de dépenses. Mais pour les républicains cette condition pourrait être inacceptable d'autant qu'ils ont déjà violé leur promesse de ne pas augmenter la pression fiscale en acceptant quelque 600 milliards de dollars de nouvelles recettes fiscales début janvier. Ils attendent donc que Barack Obama, comme Bill Clinton hier, ose défier la gauche démocrate. Mais la crise semble avoir au contraire soudé plus que jamais le Président à cette aile de son parti.
Lefigaro.fr
Cette issue, ardemment souhaitée par les marchés, ne résout toutefois pas de manière durable les problèmes de fond. De fait, le compromis est provisoire et ne donne que quelques mois aux deux camps pour réconcilier leurs positions budgétaires. Une commission bicamérale doit être convoquée et élaborer d'ici le 13 décembre les contours d'un budget pour le reste de l'année 2014, une invitation au compromis dont se sont montrés jusqu'à présent incapables les élus du Congrès, divisé entre démocrates et républicains.
L'accord donne en tout cas raison à court terme au sang-froid des investisseurs qui depuis des semaines refusaient de croire que la folie partisane l'emporterait à Washington sur le pragmatisme. Le soulagement des investisseurs du monde entier devrait profiter au dollar, aux actions mais surtout aux obligations. Les doutes quant à un éventuel manque de ressources du Trésor pour payer toutes ses dettes à temps, avaient fait grimper les rendements obligataires ces derniers jours.
Le Trésor avait fixé au 17 octobre la date au-delà de laquelle, faute de relèvement par une loi au Congrès du plafond de la dette publique, il risquait de bientôt manquer de liquidités pour honorer toutes les créances fédérales. La date d'un défaut catastrophique du Trésor délibérément maintenue incertaine, avait été estimée entre le 22 et le 31 octobre.
L'impact du «shutdown» estimé à 24 milliards
La conséquence de l'accord est par ailleurs la remise au travail dès ce matin de l'ensemble des fonctionnaires fédéraux, otages depuis le 1er octobre d'un conflit idéologique entre la droite du Parti républicain et la Maison blanche. L'impact du «shutdown» sur l'économie, estimé à 24 milliards de dollars par l'agence Standard & Poor's, sera notable dans les statistiques d'octobre. Mais un rattrapage partiel dans les prochaines semaines devrait aussi se faire sentir, d'autant que généralement les fonctionnaires reçoivent rétrospectivement le salaire dont ils ont été privés durant la suspension du fonctionnement du gouvernement. S&P évalue l'impact sur la croissance au quatrième trimestre à 0, 6% de croissance, en rythme annualisé. Voilà qui paraît disproportionné pour une crise résultant d'un conflit idéologique qui n'a finalement débouché sur aucun réel progrès législatif.
Pour rassurant qu'il soit pour les marchés, le relèvement du plafond de la dette n'est censé durer que jusqu'au 7 février, voire quelques jours de plus. Comment être certain qu'un nouveau psychodrame ne se déclenchera pas dans les jours qui précèderont la prochaine échéance?
Le financement des opérations assuré que jusqu'à la mi-janvier
En outre le financement des opérations normales du gouvernement ne serait assuré que jusqu'à la mi-janvier. Selon les termes du compromis, le Trésor est autorisé à emprunter jusqu'au 7 février, et l'Etat fédéral est financé jusqu'au 15 janvier. Une négociation va s'ouvrir pour trouver une alternative éventuelle au régime des coupures automatiques de crédit en vigueur depuis mars. Les républicains n'aiment pas le caractère «aveugle» de ces réductions de crédit qui frappent pour moitié le Pentagone. À défaut de pouvoir le rendre plus flexible, ils préfèrent que le régime reste en vigueur car il garantit de réelles réductions de dépenses que les démocrates n'accepteraient pas normalement.
Enfin on peut redouter que les négociations sur la réduction du déficit à moyen et long terme, censées s'engager aujourd'hui et aboutir mi-décembre, échouent comme toutes celles lancées depuis l'été 2011. Une commission bicamérale doit en effet être convoquée et élaborer d'ici le 13 décembre les contours d'un budget pour le reste de l'année 2014, une invitation au compromis dont se sont montrés jusqu'à présent incapables les élus du Congrès, divisé entre démocrates et républicains.
Barack Obama renforcé
Surtout dans le climat exécrable qui règne entre la Maison blanche et les républicains, en dépit des appels à l'esprit bipartite lancé hier soir par Barack Obama. Le président a répété qu'il était «prêt à travailler avec tout le monde (...) sur n'importe quelle idée qui fera croître l'économie, créera des emplois, renforcera la classe moyenne et remettra en ordre le budget à long terme».
Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international, a également souligné le caractère temporaire de l'accord, et déclaré dans un communiqué qu'il était «essentiel de réduire l'incertitude entourant la conduite de la politique budgétaire en relevant le plafond de la dette d'une manière plus durable».
Dans l'immédiat la situation budgétaire américaine n'est certes pas «bonne», mais elle n'est pas «alarmante», avec un déficit budgétaire de l'ordre de 4% du PIB. En revanche pour corriger la tendance à long terme, l'Amérique doit réformer ses régimes sociaux. Or Barack Obama a toujours refusé d'entrer dans ce débat. Il posera probablement à nouveau des hausses d'impôts comme préalable à toute réduction de dépenses. Mais pour les républicains cette condition pourrait être inacceptable d'autant qu'ils ont déjà violé leur promesse de ne pas augmenter la pression fiscale en acceptant quelque 600 milliards de dollars de nouvelles recettes fiscales début janvier. Ils attendent donc que Barack Obama, comme Bill Clinton hier, ose défier la gauche démocrate. Mais la crise semble avoir au contraire soudé plus que jamais le Président à cette aile de son parti.
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