De nombreux analystes suivent avec obsession l'empreinte économique de la Chine en Afrique (en 2015, on comptait près de 2 650 projets de développement chinois en cours sur le continent). Mais le Royaume-Uni est devenu un partenaire d'investissement beaucoup plus engagé sur le continent au fil des années. Fin 2014, l'investissement étranger direct en Afrique était de 42,5 milliards de livres sterling (54,1 milliards de dollars), soit plus du double des 20,8 milliards de livres sterling que les intérêts britanniques investis en 2005. L'IED britannique a été canalisé dans une large mesure vers le secteur des télécommunications et vers celui des services financiers, mais l'aide au développement et les projets d'infrastructure ont également constitué un centre d'intérêt.
Cette tendance à la hausse est cependant susceptible de s'inverser si les négociations du Brexit avec l'Union européenne conduisent à une érosion de la confiance dans le marché britannique. Car la Grande-Bretagne est obligée de consolider sa propre économie et de rechercher des opportunités à l'étranger qui pourraient paraître moins appropriées.
L'impact le plus significatif d'un « Brexit dur » pour l'Afrique devrait se faire sentir dans le secteur des services financiers. Lors de la négociation de la sortie du Royaume-Uni de l'UE, le gouvernement du Premier ministre Theresa May va chercher à s'assurer que la City de Londres conserve sa place de centre financier de l'Europe. Mais même si May échoue, les institutions financières basées à Londres pourraient simplement retirer leur mise et lever le camp vers l'Europe continentale. Toutefois l'Afrique pourrait en souffrir.
Par exemple, le renforcement du secteur bancaire au cours des dernières années (notamment l'expansion des activités bancaires transfrontalières), a été rendu possible en partie par des produits de technologie financière (fintech) développés à Londres. Les solutions de financement de pointe utilisées pour moderniser des institutions comme la Standard Bank, la plus grande banque d'Afrique, dépendent de l'expertise qui se trouve dans des établissements basés au Royaume-Uni. Si le Brexit affaiblit le rôle de Londres en tant que centre financier, des dégâts collatéraux pour l'Afrique pourraient prendre la forme d'un affaiblissement de la confiance des investisseurs, de lacunes en matière de services bancaires et de réseaux et de processus interrompus. Le moteur de l'innovation financière, en d'autres termes, pourrait s'arrêter.
Un affaiblissement du secteur des services financiers au Royaume-Uni pourrait également conduire à une pénurie de talents disposant de la connaissance des marchés africains. Cela pourrait nuire au commerce entre le Royaume -Uni et l'Afrique d'une manière plus large. Malheureusement, la Grande-Bretagne est peut-être plus importante à cet égard pour l'avenir de l'Afrique que l'inverse. Avec moins de 5 % de déficit commercial de la Grande-Bretagne lié à l'Afrique, le continent n'est pas susceptible d'être en tête de liste des préoccupations actuelles du gouvernement du Royaume-Uni.
Les relations diplomatiques pourraient être également mises à mal, si un Royaume-Uni plus introverti ferme ses portes aux voyageurs et aux étudiants africains qui cherchent à s'inscrire dans les universités britanniques. En bref, le contexte historique, politique et les relations économiques renforcées au fil des décennies pourraient se déliter à mesure de l'avancée des négociations entre le Royaume-Uni et l'UE.
Mais il ne faut pas surestimer le risque que le Brexit représente pour l'Afrique. D'une part, le commerce n'est pas l'épine dorsale qu'il représentait auparavant dans cette relation. Seul un petit nombre de pays africains sont en lice pour l'accès au marché britannique, alors qu'un grand nombre d'entre eux cherchent à faire davantage de commerce avec les autres pays du continent africain.
L'Afrique apprend également à voler de ses propres ailes sur d'autres plans. Depuis 2000, le total annuel de l'aide à l'Afrique s'élevait en moyenne à 50 milliards de dollars, tandis que les recettes fiscales au cours de la même période sont passées de 163 milliards de dollars à un total étonnant 550 milliards de dollars. L'augmentation de l'IED, l'accès à la dette souveraine et la forte augmentation des transferts de migrants ont tous contribué à un changement dans la base de revenus des produits de base. Et les dirigeants africains sont aujourd'hui occupés à établir de nouvelles alliances avec leurs voisins, à améliorer environnement commercial et à collaborer dans des projets d'industrialisation.
Mais bien que les pays africains puissent être moins dépendants de l'aide étrangère que jamais, leur relation avec les États donateurs et avec le Royaume-Uni en particulier reste très importante. Par rapport au revenu national brut, le Royaume-Uni est l'un des plus généreux donateurs d'aide au monde, une stature qui donne à la Grande-Bretagne une plus grande voix au chapitre dans l'ordre du jour du développement international. Au moment où l'aide britannique en Afrique a évolué de la réduction des efforts de lutte contre la pauvreté, vers le financement de projets d'entreprise dans des pays comme l'Éthiopie et le Rwanda, le Royaume-Uni est apparu comme un allié essentiel pour aider l'Afrique à réaliser sa propre stratégie de développement. Si le Brexit conduit à un Royaume-Uni moins engagé dans le monde, les bénéficiaires de l'aide britannique vont en pâtir.
C'est aux entreprises africaines et aux gouvernements qu'il revient de capter à nouveau l'attention de la Grande-Bretagne. Par des mesures incitatives adéquates, l'Afrique pourrait jouer un rôle plus central dans la planification économique du Royaume-Uni. Pour ce faire, les dirigeants africains doivent toutefois aider leurs homologues britanniques à envisager ce changement comme étant porteur d'opportunités. Alors que le Royaume-Uni se prépare à tourner le dos à l'UE, l'Afrique doit être prête à prendre la relève.
Carlos Lopes, ancien Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique, professeur à l'Université de Cape Town et membre associé de l'Oxford Martin School à l'Université d'Oxford.
Cette tendance à la hausse est cependant susceptible de s'inverser si les négociations du Brexit avec l'Union européenne conduisent à une érosion de la confiance dans le marché britannique. Car la Grande-Bretagne est obligée de consolider sa propre économie et de rechercher des opportunités à l'étranger qui pourraient paraître moins appropriées.
L'impact le plus significatif d'un « Brexit dur » pour l'Afrique devrait se faire sentir dans le secteur des services financiers. Lors de la négociation de la sortie du Royaume-Uni de l'UE, le gouvernement du Premier ministre Theresa May va chercher à s'assurer que la City de Londres conserve sa place de centre financier de l'Europe. Mais même si May échoue, les institutions financières basées à Londres pourraient simplement retirer leur mise et lever le camp vers l'Europe continentale. Toutefois l'Afrique pourrait en souffrir.
Par exemple, le renforcement du secteur bancaire au cours des dernières années (notamment l'expansion des activités bancaires transfrontalières), a été rendu possible en partie par des produits de technologie financière (fintech) développés à Londres. Les solutions de financement de pointe utilisées pour moderniser des institutions comme la Standard Bank, la plus grande banque d'Afrique, dépendent de l'expertise qui se trouve dans des établissements basés au Royaume-Uni. Si le Brexit affaiblit le rôle de Londres en tant que centre financier, des dégâts collatéraux pour l'Afrique pourraient prendre la forme d'un affaiblissement de la confiance des investisseurs, de lacunes en matière de services bancaires et de réseaux et de processus interrompus. Le moteur de l'innovation financière, en d'autres termes, pourrait s'arrêter.
Un affaiblissement du secteur des services financiers au Royaume-Uni pourrait également conduire à une pénurie de talents disposant de la connaissance des marchés africains. Cela pourrait nuire au commerce entre le Royaume -Uni et l'Afrique d'une manière plus large. Malheureusement, la Grande-Bretagne est peut-être plus importante à cet égard pour l'avenir de l'Afrique que l'inverse. Avec moins de 5 % de déficit commercial de la Grande-Bretagne lié à l'Afrique, le continent n'est pas susceptible d'être en tête de liste des préoccupations actuelles du gouvernement du Royaume-Uni.
Les relations diplomatiques pourraient être également mises à mal, si un Royaume-Uni plus introverti ferme ses portes aux voyageurs et aux étudiants africains qui cherchent à s'inscrire dans les universités britanniques. En bref, le contexte historique, politique et les relations économiques renforcées au fil des décennies pourraient se déliter à mesure de l'avancée des négociations entre le Royaume-Uni et l'UE.
Mais il ne faut pas surestimer le risque que le Brexit représente pour l'Afrique. D'une part, le commerce n'est pas l'épine dorsale qu'il représentait auparavant dans cette relation. Seul un petit nombre de pays africains sont en lice pour l'accès au marché britannique, alors qu'un grand nombre d'entre eux cherchent à faire davantage de commerce avec les autres pays du continent africain.
L'Afrique apprend également à voler de ses propres ailes sur d'autres plans. Depuis 2000, le total annuel de l'aide à l'Afrique s'élevait en moyenne à 50 milliards de dollars, tandis que les recettes fiscales au cours de la même période sont passées de 163 milliards de dollars à un total étonnant 550 milliards de dollars. L'augmentation de l'IED, l'accès à la dette souveraine et la forte augmentation des transferts de migrants ont tous contribué à un changement dans la base de revenus des produits de base. Et les dirigeants africains sont aujourd'hui occupés à établir de nouvelles alliances avec leurs voisins, à améliorer environnement commercial et à collaborer dans des projets d'industrialisation.
Mais bien que les pays africains puissent être moins dépendants de l'aide étrangère que jamais, leur relation avec les États donateurs et avec le Royaume-Uni en particulier reste très importante. Par rapport au revenu national brut, le Royaume-Uni est l'un des plus généreux donateurs d'aide au monde, une stature qui donne à la Grande-Bretagne une plus grande voix au chapitre dans l'ordre du jour du développement international. Au moment où l'aide britannique en Afrique a évolué de la réduction des efforts de lutte contre la pauvreté, vers le financement de projets d'entreprise dans des pays comme l'Éthiopie et le Rwanda, le Royaume-Uni est apparu comme un allié essentiel pour aider l'Afrique à réaliser sa propre stratégie de développement. Si le Brexit conduit à un Royaume-Uni moins engagé dans le monde, les bénéficiaires de l'aide britannique vont en pâtir.
C'est aux entreprises africaines et aux gouvernements qu'il revient de capter à nouveau l'attention de la Grande-Bretagne. Par des mesures incitatives adéquates, l'Afrique pourrait jouer un rôle plus central dans la planification économique du Royaume-Uni. Pour ce faire, les dirigeants africains doivent toutefois aider leurs homologues britanniques à envisager ce changement comme étant porteur d'opportunités. Alors que le Royaume-Uni se prépare à tourner le dos à l'UE, l'Afrique doit être prête à prendre la relève.
Carlos Lopes, ancien Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique, professeur à l'Université de Cape Town et membre associé de l'Oxford Martin School à l'Université d'Oxford.