Négociation de l’Eurogroupe avec la Grèce : le clash

Lundi 16 Février 2015

La réunion de l’Eurogroupe a tourné court, lundi, après le rejet par Athènes du projet de texte qui insistait sur la nécessité de prolonger le plan d’aide actuel. Un nouvel Eurogroupe pourrait se tenir vendredi.


Alexis Tsipras, le nouveau premier ministre grec
Alexis Tsipras, le nouveau premier ministre grec
Nouvel échec entre Athènes et Bruxelles. Les négociations, lundi à Bruxelles, entre les ministres des finances de la zone euro ont tourné court : la Grèce a rapidement refusé la proposition soumise par l’eurogroupe, qui prévoyait une prolongation technique de six mois du programme d’aides actuel (conditionné à des réformes dont certaines sont refusées par le nouveau gouvernement grec). Un responsable grec a fait savoir qu’il n’était pas question pour Athènes d’accepter un texte « déraisonnable » et « inacceptable ». « Dans ces circonstances, il ne peut pas y avoir d’accord aujourd’hui », a-t-il ajouté.
« Les ministres étaient tous d’accord sur le fait qu'il n’existe pas d’alternative à la demande d’une extension du programme actuel », a souligné le Commissaire aux affaires économiques Pierre Moscovici. Comme l'a résumé le président de l'eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, « c'est la seule manière de gagner du temps ». En gros, les 18 ont mis sur la table une offre aux Grecs : acceptez l’extension du programme et nous vous promettons une flexibilité et la possibilité de changer des mesures prévues, pour peu que les changements soient financés. Le gouvernement grec, qui veut au contraire que la zone euro reconnaisse l’échec de l’actuel programme, s’est braqué et a refusé tout net.
Les discussions entre les ministres des finances de la zone euro  , avaient démarré dans un climat plus que tendu, les ministres étant arrivés sans illusion sur les chances de trouver un compromis avec la Grèce sur l’extension de son programme d’aide. Alors que le compteur tourne – le plan d’aide prend fin le 28 février et Jeroen Dijsselbloem a prévenu qu’il restait encore la semaine pour une demande de prolongation mais guère plus. Une nouvelle réunion pourra être organisée vendredi, a-t-il ajouté.


Le compte à rebours est enclenché

A leur arrivée à la réunion de l’Eurogroupe, la plupart des ministres étaient déçus par le peu de progrès accomplis par les experts techniques lors de leurs rendez-vous avec des responsables grecs vendredi et samedi. Alors qu’ils devaient mesurer les différences potentielles entre l’actuel programme de réformes imposé à Athènes et le programme souhaité par l’équipe d’Aléxis Tsípras, ils ne seraient guère parvenus à des résultats concrets et chiffrés. « Les discussions entre les experts ont été constructives, mais pas très concrètes, car en fait, les Grecs ont peur de l’accord (le « memorandum of understanding » qui liste les conditions de l’aide à la Grèce), mais ne connaissent pas trop ce qu’il y a dedans », résumait hier un acteur.
Bien des mesures souhaitées par le nouveau gouvernement provoqueraient de trop fortes pertes budgétaires. Le programme en cours table par exemple sur quelque 8,5 milliards d’euros de recettes de privatisation en 2015, 2016 et 2017. Or le gouvernement, qui vient d’annoncer son intention de revoir la privatisation en cours de 14 ports et aéroports, ne sait pas encore exactement ce qu’il veut faire en la matière. Après le clash de lundi soir, le compte à rebours est vraiment enclenché. La banque américaine JP Morgan a fait savoir, lundi, que selon ses calculs, les banques grecques pourraient être à court de garanties dans 14 semaines, si les retraits se poursuivent au rythme actuel. Mercredi, la BCE doit se réunir pour étudier la situation grecque et décider de la poursuite de ses aides d’urgence.
Lesechos.fr
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