PLAN STRATEGIQUE 2025-2029 : La BNDE entame son Envol

Jeudi 24 Avril 2025

A travers son nouveau plan stratégique intitulé « ENVOL 25-29 » conçu en interne autour de cinq axes stratégiques majeurs et présenté le mercredi 23 avril 2025, la Banque Nationale pour le Développement Économique du Sénégal (BNDE), Institution bancaire universelle, consolide sa position sur le marché et se met en orbite pour devenir un label de référence dans le financement endogène et durable de l’économie sénégalaise.


Une nouvelle ère s‘ouvre dans l’évolution de la Banque Nationale pour le Développement Économique du Sénégal (BNDE) qui ambitionne, d’ici à 2029, de « devenir la banque de référence et inclusive, et souhaite être le partenaire privilégié du secteur public et privé sénégalais d’ici et de la diaspora pour un développement endogène durable », selon le Directeur général, Mamadou Faye qui, d’emblée, annonce ainsi la couleur.

Positionnée en 2023 dans le top 10 des banques de la place, la Bnde ambitionne d’intégrer le top 3, d’ici à 2029, en contribuant au financement direct et indirect de l’économie à hauteur de 1 300 milliards FCFA, soit une progression de 51 % ; de doubler son total du bilan qui est passé de 555 milliards en 2023 à 668 milliards de FCfa en 2024. Ce sont-là, entre autres objectifs inscrits dans son nouveau Plan stratégique intitulé « ENVOL 25-29 », conçu par les équipes internes de la banque et qui repose sur cinq axes stratégiques majeurs.

Dans une dynamique de Développement commercial, la banque vise à offrir une gamme compétitive, pour tous les segments et la diaspora ; le deuxième axe concernant l’Efficacité opérationnelle est relatif à l’optimisation des parcours, la maîtrise des risques et l’exploitation des données. Il s’agit de garantir au client une expérience optimale grâce à des services de qualité, accessibles à des coûts très compétitifs, tout en élevant les standards aux normes internationales ; la Transformation digitale s’appuiera sur les nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle afin de rendre les offres accessibles à tous les Sénégalais ; le quatrième axe majeur porte sur le Capital humain et vise à aligner les Ressources humaines (RH) aux ambitions stratégiques, en veillant à l’épanouissement professionnel des 304 collaborateurs, afin de les engager pleinement dans la mission de la BNDE au service du pays ; le dernier axe majeur du plan stratégique est relatif à la Gouvernance et l’assurance d’une conformité « rigoureuse » aux règles et régulations mises en place par la Banque centrale et la Commission bancaire de l’UEMOA.

Cette problématique de la Conformité semble constituer un point central à la Bnde, si l’on en croît Mamadou Faye, qui indique « Nous l’avons non seulement érigé en Direction de la Conformité mais aussi du contrôle interne en permanence et qui intègre-même la gestion des risques.»  

La conduite et la mise en œuvre de ce plan stratégique se fondent sur la Transparence, l’Ethique, la Responsabilité et le Leadership, « des valeurs solides qui renvoient à nos valeurs traditionnelles », explique le DG Faye.  
 
Du chiffre...

En attendant de connaître le résultat 2024 de la BNDE, jugé « très positif », on peut déjà noter une amélioration sensible des fondamentaux à travers le PNB de 21 Mds Fcfa soit une progression de +100 % et des fonds propres de 71 Mds FCfa pour un capital social qui est passé de 11 à 52 Mds FCfa en 2023, traduisant la capacité de la banque à créer de la valeur tout en enrichissant ses actionnaires, en premier, l’État qui en détient 82%.

Le total du bilan de 668 Mds reflète une activité dynamique avec un encours de crédit de 403 Mds Fcfa dont 50% de financement aux PME-PMI conformément à la mission originelle de la banque.

Les voyants de la Bnde clignotent au vert et, de 2014 (date de création de la Bnde) à 2024, ce sont plus de 1 223 Mds de F CFA qui ont été injectés dans l’économie et plus de 253 Mds de F CFA injectés dans le secteur agricole alors que 14 200 Mds Fcfa de crédits ont été octroyés.

La banque revendique en outre plus de 50 000 clients et un réseau très étendu composé de 25 agences et 26 points entretenus avec des partenaires et disséminés un peu partout à travers le pays. Dans son effort d’inclusion financière, une institution de microfinance spécialisée dans la finance islamique, une filiale déjà en activité depuis 2024, est née des flancs de la Bnde.
 
… et de la résilience

Née d’une vision forte, la BNDE a démarré ses activités en fin janvier 2014. La Banque Nationale pour le Développement Économique (BNDE) joue un rôle clé dans le financement de projets structurants au Sénégal, en particulier pour les PME/PMI. Cependant, elle a connu une traversée du désert, avec plusieurs périodes de turbulences liées à des départs d'actionnaires, entre autres, notamment entre 2015 et 2022. En 2015, elle a enregistré la démission du président du conseil d'administration, Amadou Kane, ancien ministre des Finances et président du conseil d'administration de la BNDE, pour "convenances personnelles".

En 2017, il y a eu également le retrait de l'actionnaire stratégique Yérim Sow, entrepreneur sénégalais et PDG du groupe Teylium, qui a décidé de se retirer du capital de la BNDE, où il détenait 32 % des parts. Dans le même contexte, en raison du manque de garanties solides et du contexte économique parfois instable, la BNDE a eu à faire face à un taux de créances douteuses relativement important et donc des risques de crédit élevés. Toutes sortes de pressions qui étaient susceptibles de ruiner sa stabilité financière. « Mais ce qu’il faut retenir aujourd’hui, c’est la capacité de résilience de la Bnde », comme l’a souligné le Directeur général, Mamadou Faye.   
 
Une banque pas comme les autres

Les départs et les difficultés vécus par la Bnde ont entraîné une recomposition de l'actionnariat de la BNDE, avec une augmentation significative de la participation de l'État sénégalais. En novembre 2023, lors d'une assemblée générale, les actionnaires ont décidé d'augmenter le capital de la banque de 11 à 52 milliards de FCFA, l'État libérant la totalité de sa souscription, soit 35 milliards de FCFA. Cette recapitalisation visait à renforcer la capacité de la BNDE à financer des projets structurants et à consolider sa position en tant que banque de développement.

Reste cependant des contraintes liées à la réglementation bancaire notamment celle relative aux parties liées. Etre sous la tutelle de l’État est certes une opportunité parce que cela vous donne beaucoup de flux, mais il y a une règle prudentielle qui limite les opérations bancaires avec des parties liées (ou apparentées) à 20 % des fonds propres. Dans le cas de la BNDE, cette contrainte peut représenter une limite stratégique si certains partenaires ou actionnaires souhaitaient obtenir des financements directs. La banque doit alors veiller à : ne pas dépasser ce seuil ; à mettre en place un comité de conformité ou de gestion des risques pour valider ces opérations ; à justifier que les conditions de prêt sont les mêmes que pour des clients classiques (principe de neutralité).

Pour mémoire, les parties liées incluent les actionnaires significatifs ; les membres du conseil d’administration ou de la direction ; les entreprises dans lesquelles ces personnes ont des intérêts directs ou indirects. La règle des 20 % traduit qu’une banque ne peut pas accorder à une partie liée des crédits ou garanties excédant 20 % de ses fonds propres. Cette limite est destinée à : Éviter les conflits d’intérêts ; réduire les risques de favoritisme ; préserver la stabilité financière de la banque ; protéger les dépôts et la confiance du public.

En somme, la BNDE n’est pas une banque comme les autres : elle porte sur ses épaules l’ambition d’un développement économique inclusif et durable pour le Sénégal. Mais pour réussir cette mission, elle doit sortir de la zone de confort bancaire classique. Face aux défis du financement, de la digitalisation, et de l’accès aux PME, la BNDE est à un tournant stratégique. Soit elle s’adapte et innove, soit elle risque de se faire dépasser par des acteurs plus agiles. L’avenir du développement économique sénégalais passe aussi par la capacité de sa banque nationale à se réinventer. C’est un défi, mais aussi une opportunité historique.
Malick NDAW
Actu-Economie


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