Perspectives économiques : l’Afrique subsaharienne est exposée à plusieurs risques de dégradation

Mercredi 6 Janvier 2021

Selon les projections, l’Afrique subsaharienne devrait enregistrer un redressement modéré en 2021, avec un taux de croissance de 2,7 %. La Banque mondiale qui donne ce chiffre précise tout de même que les perspectives pour l’Afrique subsaharienne sont exposées à plusieurs risques de dégradation notamment la croissance des principaux partenaires commerciaux qui pourrait être inférieure aux prévisions, la distribution d’un vaccin contre la Covid-19 qui se heurtera probablement à de nombreux obstacles comme les insuffisances des infrastructures de transport et le manque de capacité des systèmes sanitaires, la viabilité de la dette publique entre autres.


L’Afrique subsaharienne devrait connaitre une croissance économique de 2,7% en 2021. C’est la projection émise par la Banque mondiale dans sa dernière édition des « Perspectives économiques mondiales ». En effet, elle confie dans ce rapport publié hier que la reprise de la consommation et de l’investissement privé pourrait être plus lente que prévu antérieurement, mais les exportations devraient s’accélérer progressivement, à la faveur de la relance des activités des principaux partenaires commerciaux.

D’après la Banque mondiale, les prévisions d’une croissance atone en Afrique subsaharienne sont dues à la persistance de la pandémie de Covid-19 dans plusieurs pays, qui fait obstacle à la reprise de l’activité économique. A en croire les projections, la pandémie provoquera une baisse de 0,2 % des revenus par habitant cette année, et mettra les Objectifs de développement durable (Odd) encore moins à la portée de nombreux pays de la région. Ce renversement de tendance, poursuit, l’institution, devrait entraîner le basculement de dizaines de millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté en 2020 et 2021.

Perspectives sombres dans les puissances de la région

Le rapport de la Banque mondiale souligne que le Nigéria devrait afficher une croissance de 1,1 % en 2021. Aussi, note-t-il, l’activité économique pourrait toutefois être freinée par la faiblesse des cours du pétrole, les quotas de l’Opep, la chute des investissements publics résultant de la faiblesse des recettes de l’État, l’insuffisance des investissements privés due aux faillites d’entreprises et le manque de confiance des investisseurs étrangers. En Afrique du Sud, relève le document, la croissance devrait rebondir à 3,3 % en 2021, avec une reprise plus faible qu’anticipé auparavant du fait des effets persistants de la pandémie et du maintien probable de plusieurs mesures d’atténuation des risques de propagation du virus.

Pour la Banque mondiale, la reprise devrait être légèrement plus soutenue (bien qu’inférieure aux moyennes historiques) dans les pays exportateurs de produits agricoles, où l’activité sera portée par le niveau élevé des cours mondiaux des denrées agricoles. « Les prévisions font état d’une reprise plus timide pour les exportateurs de produits industriels », martèle l’institution. Qui ajoute qu’alors que les prix des métaux se sont légèrement redressés au deuxième semestre de l’année dernière, les cours du pétrole sont demeurés bien inférieurs à ce qu’ils étaient en 2019, ce qui a eu des conséquences défavorables pour les exportateurs pétroliers (Angola, République du Congo, Gabon, Ghana, Guinée équatoriale, Tchad).

Les perspectives pour l’Afrique subsaharienne sont exposées à plusieurs risques de dégradation

« Les perspectives pour l’Afrique subsaharienne sont exposées à plusieurs risques de dégradation », précise toutefois la Banque la mondiale. Selon laquelle la croissance des principaux partenaires commerciaux pourrait être inférieure aux prévisions. Mais également, d’après elle, la distribution à grande échelle d’un vaccin contre la Covid-19 dans la région se heurtera probablement à de nombreux obstacles, notamment les insuffisances des infrastructures de transport et le manque de capacité des systèmes sanitaires. ET d’ajouter : « Ces difficultés, encore aggravées par des catastrophes naturelles, comme les récentes inondations qui ont provoqué des dégâts considérables, et l’augmentation de l’insécurité, en particulier dans le Sahel, pourraient retarder la reprise.

Lesdits obstacles ne s’arrêtent pas là car, « la dette publique a considérablement augmenté dans la région, pour atteindre, selon les estimations, 70 % du Pib en moyenne au cours de l’année écoulée, ce qui ne fait qu’accroître les préoccupations suscitées par la viabilité de l’endettement dans certains pays. Aussi, selon la même source, les banques pourraient enregistrer une forte augmentation des prêts improductifs, les entreprises ayant peine à assurer le service de leur dette par suite de la chute de leurs recettes.

« Les répercussions négatives durables de la pandémie pourraient ralentir la croissance à long terme en raison de l’ampleur de la dette, qui paralyse l’investissement, de l’impact des confinements sur la scolarité et la valorisation du capital humain, et de la dégradation de l’état de santé des populations », conclut la Banque mondiale.
Bassirou MBAYE
Economie

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