Protéger l'éducation dans les zones de conflit

Vendredi 9 Décembre 2016

Dans les zones de conflit, les enfants sont souvent les premières victimes de la violence. Le mois dernier, des attaques aériennes répétées sur un complexe scolaire à Idlib en Syrie, ont tué au moins 22 enfants. Pendant des mois, des enfants de la ville syrienne assiégée d'Alep n'ont eu aucun moyen d'échapper à des bombardements constants. Comme le New York Times l'a constaté en septembre, « ils ne peuvent pas jouer, dormir ou aller à l'école. De plus en plus, ils ne peuvent pas manger. »


Juste quelques semaines avant cet article, une bombe a explosé à l'extérieur d'une école dans le Sud de la Thaïlande, à l'heure où les parents venaient déposer leurs enfants. L'explosion a tué instantanément un père et sa fille de quatre ans et a blessé dix autres personnes. Brad Adams de Human Rights Watch a décrit l'attentat  comme un acte « d'une brutalité incompréhensible. » « Appeler cela un crime de guerre ne traduit pas tout à fait les dommages causés à la victime, ou l'impact de telles attaques sur les enfants dans la région. »
À peine quelques semaines avant le bombardement en Thaïlande, le 13 août, les raids aériens sur une école dans le Nord-Ouest du Yémen dans la région de Saada ont tué 10 enfants et en ont blessé 30 autres.
Étant donné ces exemples récents, il est manifestement nécessaire d'empêcher les attaques (par l'État et par les acteurs armés non-étatiques), sur les établissements éducatifs et sur leurs installations. C'est pourquoi Education Above All  (EAA) a établi sa campagne de mobilisation Protect Education in Insecurity and Conflict  (PEIC).
La logique sur laquelle s'appuie PEIC est simple : l'éducation offre des opportunités indispensables aux enfants et aux jeunes, ce qui s'applique tout particulièrement au cas de ceux qui vivent dans les zones de conflit. Les écoles et les universités fournissent aux étudiants un point d'attache vital à la normalité, tout en les encourageant à garder espoir et à poursuivre leurs aspirations. Non seulement ces institutions forment la prochaine génération de médecins, de journalistes, d'avocats et de dirigeants des communautés, mais elle fournit en outre aux enfants des mentors, de l'alimentation, de l'eau et des connaissances de base sur la santé et l'hygiène publique. Pourtant, comme le montrent ces attaques contre des écoles dans des pays comme la Syrie, le Yémen et le Soudan, ces endroits qui sont censés être des refuges sont directement menacés.
Si les enfants peuvent encore aller à l'école pendant les conflits, ils seront les jeunes pousses qui seront là pour reconstruire leurs sociétés déchirées par la guerre à la fin des combats. Pour protéger les droits fondamentaux des étudiants à l'éducation, les universités et les écoles dans les zones de conflit doivent être protégées de même que les services de santé. En effet, tout comme les hôpitaux, les écoles concentrent l'une des populations les plus vulnérables d'une société.
Les attaques contre les enfants et les écoles s'attirent souvent la condamnation de toutes les instances internationales, mais les mots ne sont clairement pas une dissuasion efficace. Ainsi la mission de l'initiative PEIC consiste à utiliser les mécanismes disponibles en vertu du droit international, à renforcer notre volonté politique collective d'empêcher les attaques contre ces établissements. L'EAA tient à s'assurer que l'éducation soit reconnue comme fondamentale pour le développement humain - et qu'il lui soit donc accordé à ce titre une entière protection.
Nous devons créer un monde où tous ceux qui souhaitent apprendre, enseigner, ou effectuer des recherches universitaires, puissent le faire dans la paix et dans la dignité. Mais cette ambition partagée nécessite une action commune, parce qu'il faudra une collaboration, une coopération et une confiance mutuelle pour élaborer de nouveaux arrangements internationaux nécessaires à la protection des établissements d'enseignement durant les conflits.
À cette fin et en partenariat avec la Coalition mondiale pour protéger l'éducation contre les attaques (Global Coalition to Protect Education from Attacks), la PEIC a joué un rôle de premier plan dans la promotion de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles , qui contient la promesse de protéger « les écoles et les universités contre une utilisation à des fins militaires durant les conflits armés. » Cette clause est essentielle pour protéger les élèves, les enseignants et les établissements en temps de guerre. Nous espérons que d'ici là la Déclaration dans son intégralité deviendra une norme internationale universellement reconnue.
En septembre, l'Albanie est devenue le 56ème pays à signer la déclaration et le gouvernement albanais s'est à présent engagé publiquement à protéger l'éducation en période de conflit armé. En faisant cette promesse, l'Albanie a rejoint des pays comme l'Irak, où se fait sentir un besoin urgent de protéger l'avenir des enfants, ainsi que l'Argentine, le Brésil, le Chili, l'Italie, le Kenya, le Nigeria, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Qatar, et le Sud-Soudan.
L'EAA est déterminée à empêcher les écoles de devenir des champs de bataille et elle demande à tous les pays qui n'ont pas encore signé la déclaration d'y souscrire. Signer la Déclaration représente un engagement politique visant à protéger l'éducation, même durant les pires conflits : ce qui revient à dire que c'est un engagement à protéger les enfants du monde. Il est dans l'intérêt de tous les pays de garantir que les étudiants d'aujourd'hui aient l'occasion d'agir comme les leaders de demain. Alors que le monde assiste à la destruction des écoles en Syrie, au Yémen et dans d'autres zones de conflit, la Déclaration sur la sécurité dans les écoles est plus importante que jamais.
Peter Klanduch, administrateur principal du programme Protect Education in Insecurity and Conflict, à Doha. Maleiha Malik, directrice exécutive de Protect Education in Insecurity and Conflict, à Doha.
 
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