Trop de pays ont sous-investi dans les infrastructures depuis des décennies, provoquant des désagréments quotidiens et plus grave, créant des obstacles à la croissance économique. Si des apports de fonds massifs sont nécessaires pour remédier aux lacunes en matière d’infrastructures, trouver l’argent n’est qu’une partie de la solution. Les gouvernements doivent également réformer la manière dont ils planifient et suivent la construction d’infrastructures. Le public ne peut plus se permettre d’accepter des projets dont les coûts échappent à tout contrôle.
La capacité unique qu’ont les projets d’infrastructure à générer des emplois à court terme et d’encourager la productivité à long terme est bien connue des responsables politiques. Et pourtant, les discussions se sont rarement traduites en actions, malgré des taux d’intérêt au plus bas depuis huit ans.
Selon de nouvelles estimations du McKinsey Global Institute, les pays doivent augmenter les investissements dans les transports, l’énergie, l’eau potable et les systèmes de télécommunication, de 2500 milliards de dollars par an à 3300 milliards de dollars chaque année jusqu’en 2030 rien que pour soutenir les prévisions de croissance. Mais malgré la nécessité évidente d’une action, les investissements dans les infrastructures ont en fait baissé dans 11 des pays du G20 depuis la crise financière mondiale de 2008.
Selon l’opinion communément admise, il serait impossible de dégager un financement public suffisant en raisons des contraintes budgétaires. Mais il existe des possibilités importantes d’augmenter les investissements dans les infrastructures publiques, en particulier tant que les coûts d’emprunt restent à un bas historique. Dans certains cas, un financement peut être trouvé sans augmenter les impôts : les gouvernements peuvent par exemple dégager un revenu en instituant une taxe des utilisateurs, en profitant de l’augmentation des valeurs immobilières, ou en cédant des actifs et en recyclant les recettes. Les normes de comptabilité publique peuvent également permettre de déprécier les actifs liés à une infrastructure au cours de son cycle de vie plutôt qu’ajouter immédiatement son coût au déficit budgétaire au moment de sa construction.
Les gouvernements peuvent aussi encourager davantage les investissements du secteur privé, en commençant par fournir un cadre réglementaire sûr et fixer des prix qui se traduisent par un taux de rendement, ajusté au risque, acceptable. De manière plus générale, ils peuvent prendre des mesures pour créer un marché qui mettent mieux en relation les investisseurs institutionnels cherchant des rendements stables à long terme et les projets ayant besoin d’un financement.
Étant donné que ces investisseurs disposent de quelques 120.000 milliards de dollars d’actifs sous gestion, le goulet d’étranglement n’est pas le manque de capitaux, mais plutôt le manque de projets bien conçus et susceptibles d’être financés. Une manière de faire disparaître ce goulet serait de jeter les bases institutionnelles et réglementaires permettant un flux plus aisé entre les investisseurs institutionnels des économies avancées et les projets prévus dans les pays émergents, où de grandes populations n’ont toujours pas accès aux services d’infrastructure de base.
Au-delà du financement, améliorer l’efficacité du secteur des infrastructures constitue une occasion plus importante encore. Des retards qui se comptent en années et des dépassements des coûts qui se chiffrent en milliards de dollars sont le triste scénario habituel des travaux publics. Et lorsque la construction d’un pont se transforme en un projet inutile et ruineux, le public est moins prêt à investir.
Chaque dollar alloué à un projet d’infrastructure doit être plus rentable. Un élément de ce processus implique de demander une meilleure performance de la part du secteur de la construction, dont le taux de productivité stagne depuis des décennies. Des innovations prometteuses sont apparues, dont des techniques de construction plus rapide de ponts, la préfabrication et de nouvelles techniques de construction modulaire. Mais le secteur dans son ensemble a besoin d’une impulsion décisive en termes de modernisation, d’adoption des technologies et d’uniformisation.
Les gouvernements doivent également transformer les institutions et les processus sous leur contrôle direct. Nos échanges avec les gouvernements dans le monde entier ont démontré qu’une gouvernance plus déterminée et une meilleure surveillance des projets d’infrastructure peuvent se traduire par une réduction des coûts allant jusqu’à 40 pour cent.
Il faut pour cela commencer par une approche systématique et basée sur les données. Des pays très performants comme la Corée du Sud et Singapour n’évaluent pas les projets séparément, mais en fonction de la manière dont ils soutiennent les objectifs de la politique gouvernementale et en les comparant à d’autres projets qui pourraient offrir un meilleur rendement.
Lors du processus allant de la conception à la réalisation des projets, il est essentiel d’exercer un strict contrôle des étapes de la livraison et de l’exécution. Réaliser le plus rapidement possible les évaluations environnementales, les processus de validation et l’acquisition des terrains peut minimiser les coûts et les délais qui s’accumulent avant même le début des travaux. Appliquer les meilleures pratiques peut dégager une valeur considérable ; à l’heure actuelle, les coûts de projets similaires peuvent varier de 50 à 100 pour cent d’un pays à l’autre.
Adopter un comportement attentiste n’est pas une stratégie viable pour répondre aux besoins en matière d’infrastructures. Il nous incombe de ne pas laisser un héritage de coûts différés et de dégradation des infrastructures fondamentales à la prochaine génération. L’argent est disponible. Utilisons-le.
Dominic Barton est le directeur général monde du cabinet de conseil McKinsey & Company
La capacité unique qu’ont les projets d’infrastructure à générer des emplois à court terme et d’encourager la productivité à long terme est bien connue des responsables politiques. Et pourtant, les discussions se sont rarement traduites en actions, malgré des taux d’intérêt au plus bas depuis huit ans.
Selon de nouvelles estimations du McKinsey Global Institute, les pays doivent augmenter les investissements dans les transports, l’énergie, l’eau potable et les systèmes de télécommunication, de 2500 milliards de dollars par an à 3300 milliards de dollars chaque année jusqu’en 2030 rien que pour soutenir les prévisions de croissance. Mais malgré la nécessité évidente d’une action, les investissements dans les infrastructures ont en fait baissé dans 11 des pays du G20 depuis la crise financière mondiale de 2008.
Selon l’opinion communément admise, il serait impossible de dégager un financement public suffisant en raisons des contraintes budgétaires. Mais il existe des possibilités importantes d’augmenter les investissements dans les infrastructures publiques, en particulier tant que les coûts d’emprunt restent à un bas historique. Dans certains cas, un financement peut être trouvé sans augmenter les impôts : les gouvernements peuvent par exemple dégager un revenu en instituant une taxe des utilisateurs, en profitant de l’augmentation des valeurs immobilières, ou en cédant des actifs et en recyclant les recettes. Les normes de comptabilité publique peuvent également permettre de déprécier les actifs liés à une infrastructure au cours de son cycle de vie plutôt qu’ajouter immédiatement son coût au déficit budgétaire au moment de sa construction.
Les gouvernements peuvent aussi encourager davantage les investissements du secteur privé, en commençant par fournir un cadre réglementaire sûr et fixer des prix qui se traduisent par un taux de rendement, ajusté au risque, acceptable. De manière plus générale, ils peuvent prendre des mesures pour créer un marché qui mettent mieux en relation les investisseurs institutionnels cherchant des rendements stables à long terme et les projets ayant besoin d’un financement.
Étant donné que ces investisseurs disposent de quelques 120.000 milliards de dollars d’actifs sous gestion, le goulet d’étranglement n’est pas le manque de capitaux, mais plutôt le manque de projets bien conçus et susceptibles d’être financés. Une manière de faire disparaître ce goulet serait de jeter les bases institutionnelles et réglementaires permettant un flux plus aisé entre les investisseurs institutionnels des économies avancées et les projets prévus dans les pays émergents, où de grandes populations n’ont toujours pas accès aux services d’infrastructure de base.
Au-delà du financement, améliorer l’efficacité du secteur des infrastructures constitue une occasion plus importante encore. Des retards qui se comptent en années et des dépassements des coûts qui se chiffrent en milliards de dollars sont le triste scénario habituel des travaux publics. Et lorsque la construction d’un pont se transforme en un projet inutile et ruineux, le public est moins prêt à investir.
Chaque dollar alloué à un projet d’infrastructure doit être plus rentable. Un élément de ce processus implique de demander une meilleure performance de la part du secteur de la construction, dont le taux de productivité stagne depuis des décennies. Des innovations prometteuses sont apparues, dont des techniques de construction plus rapide de ponts, la préfabrication et de nouvelles techniques de construction modulaire. Mais le secteur dans son ensemble a besoin d’une impulsion décisive en termes de modernisation, d’adoption des technologies et d’uniformisation.
Les gouvernements doivent également transformer les institutions et les processus sous leur contrôle direct. Nos échanges avec les gouvernements dans le monde entier ont démontré qu’une gouvernance plus déterminée et une meilleure surveillance des projets d’infrastructure peuvent se traduire par une réduction des coûts allant jusqu’à 40 pour cent.
Il faut pour cela commencer par une approche systématique et basée sur les données. Des pays très performants comme la Corée du Sud et Singapour n’évaluent pas les projets séparément, mais en fonction de la manière dont ils soutiennent les objectifs de la politique gouvernementale et en les comparant à d’autres projets qui pourraient offrir un meilleur rendement.
Lors du processus allant de la conception à la réalisation des projets, il est essentiel d’exercer un strict contrôle des étapes de la livraison et de l’exécution. Réaliser le plus rapidement possible les évaluations environnementales, les processus de validation et l’acquisition des terrains peut minimiser les coûts et les délais qui s’accumulent avant même le début des travaux. Appliquer les meilleures pratiques peut dégager une valeur considérable ; à l’heure actuelle, les coûts de projets similaires peuvent varier de 50 à 100 pour cent d’un pays à l’autre.
Adopter un comportement attentiste n’est pas une stratégie viable pour répondre aux besoins en matière d’infrastructures. Il nous incombe de ne pas laisser un héritage de coûts différés et de dégradation des infrastructures fondamentales à la prochaine génération. L’argent est disponible. Utilisons-le.
Dominic Barton est le directeur général monde du cabinet de conseil McKinsey & Company