Sénégal : Le Risk management en quête de reconnaissance dans le secteur de l’assurance

Mercredi 23 Octobre 2024

De plus en plus, nombre de courtiers se retirent progressivement des risques de masse, essentiellement constitués de la clientèle des particuliers. Les raisons invoquées sont que la gestion de ce type de risque est coûteuse, accaparante et peu rentable. En lieu et place ils se lancent à la conquête des risques d’entreprise, lesquels présentent un potentiel bénéficiaire nettement supérieur.


Ce changement de cap impose toutefois des prérequis, comme notamment : une expertise technique avérée, une connaissance fine des garanties recherchées et des périls redoutés, et enfin, une solide assise en moyens humains et matériels : toutes choses essentielles pour faire face à de nouveaux impératifs de gestion extrêmement complexes.

Le revirement ainsi constaté trouve sa source dans la volonté nourrie par la plupart des courtiers de se positionner en véritables assureurs-conseils, pour répondre aux attentes exprimées par ce segment qui éprouve d’immenses besoins en accompagnement, qui se résument ainsi qu’il suit :
  • avoir à portée de main, un ‘’Risk-Manager’’, capable, d’une part, d’assurer l’interface avec les porteurs du risque,  et d’autre part, de le  mettre à l’abri de toute aventure et donc, de ne pas rester à la merci des assureurs, éminemment   puissants,
  • être dans le voisinage immédiat des cabinets de courtage, dont la quasi-totalité est implantée à Dakar, ainsi côtoyer  les états-majors et directions générales des entreprises, ce qui facilite la vérification et le placement des risques,
  • bénéficier de l’expertise et l’appui-conseil de cabinets devenus très balèzes, dotés de l’ingénierie technico-commerciale et juridique, les rendant à même de négocier pour leurs clients, les meilleures conditions de couverture, quelle que soit la complexité des garanties requises.
A cet égard, le Risk-Management s’affirme et s’impose de plus en plus comme à la fois une technique de prévention des pertes, et de réduction ou d’élimination des risques et de leurs transferts à l’assureur ou à d’autres entités, par usage de tous moyens nécessaires, à l’effet d’en réduire l’impact et les effets pervers sur les biens et responsabilités de l’assuré.
Pour ces différentes raisons, le risk-management exerce un attrait grandissant du fait de l’efficacité de son process d’intervention qui  allient : contrôle, prévention et réduction des risques et de leurs impacts négatifs.

MODALITES DE CONTROLE DES RISQUES

Le contrôle des risques démarre par l’identification des causes des périls redoutés et comprend trois étapes.
  •  L’audit du processus de production
Il consiste en une inspection physique des sites d’exploitation ou de production. Il est exécuté conjointement avec l’assureur à l’effet de cerner les conditions d’exploitation, l’environnement des installations, la configuration des locaux, la qualité de l’aménagement, le respect des normes de sécurité, la vérification de la tenue des lieux et l’existence d’un dispositif de prévention adapté.
Toutes choses sur la base desquelles, le courtier dans son rôle de risk manager, pourrait asseoir des conseils et recommandations de transferts du risque sous différentes formes. Il peut dès lors s’agir de : préconisation d’une rétention totale ou partielle du risque, de la mise en place d’un programme de couverture d’assurance, voire de révision et adaptation des polices préexistantes, ou d’adoption de mesures préventives.

 L’inspection physique des sites qui en est le socle, a pour finalité l’analyse des vulnérabilités, autrement dit, l‘identification des conséquences probables d’un sinistre, et les scenarii envisageables, selon les différents types de dispositifs de prévention préconisés, ainsi que leurs effets induits sur l’activité : paralysie totale ou partielle, baisse du chiffre d’affaires, chute de la production, gonflement des charges, voire de perte de marge brute.  
 
  •   La mise en place de mesures préventives
La vérification des risques favorise leur connaissance, et donne au courtier l’aptitude nécessaire pour pouvoir préconiser un dispositif de prévention et de protection, afin, de limiter d’une part, les possibilités de survenance, et d’autre part l’ampleur des dégâts.
Ainsi, le courtier bénéficie d’une bonification tarifaire (réduction de la prime à payer) et l’assureur d’un amoindrissement du coût du sinistre. 
 
  •    La maîtrise des risques
Parmi les risques auxquels fait face l’entreprise, figure une catégorie dont la couverture totale est hors de portée d’une compagnie d’assurance, soit parce qu’aucune mesure de sécurité ne peut en atténuer la gravité, soit parce qu’ils ne sont pas techniquement assurables, ou dans certains cas extrêmes, l’assureur peut se trouver dans l’incapacité de les mutualiser, faute de risques similaires d’une importance numérique suffisante pour en favoriser l’assurabilité.
Dans de telles circonstances, de deux choses, l’une, soit privilégier la rétention du risque, ou bien opter pour son transfert à une tierce entité.

RETENTION DU RISQUE

Certains types de risques caractérisés par une fréquence de survenance très faible ou trop élevée, peuvent faire l’objet d’une rétention par l’assuré, sauf dans les particuliers où s’impose à celui-ci, une obligation d’assurance. Autrement dit, l’assuré devient dans ce cas de figure, son propre assureur.

A cet effet, il incombe au courtier en sa qualité de risk manager, de lui apporter l’assistance nécessaire pour cerner :
  • Sa capacité de rétention, c’est-à-dire, d’absorption du risque, qui est fonction du volume maximal de pertes supportables par l’assuré sans hypothéquer son exploitation,
  • L’évaluation précise du niveau de la perte maximale que l’assuré peut supporter au cours d’un exercice, sans compromettre sa viabilité économique et financière,
  • Les risques qui méritent d’être conservés et dans cette hypothèse, préconiser les exclusions à racheter ou celles à maintenir, et le cas échéant, les montants jugés réalistes qu’il convient de fixer au titre des plafonds de garantie et des franchises ;
  • Les modalités de financement de ladite rétention afin d’orienter l’assuré, pour qu’il puisse choisir parmi les possibilités qui lui sont offertes, celles qui semblent convenir le mieux à ses aspirations. En l’espèce, il est question de choisir parmi les trois cas de figure ci-dessous :
  • Passer les charges en frais généraux,
  • Prélever sur les réserves constituées,
  • Créer une captive dédiée
Il convient de souligner que seule la dernière option requiert l’assistance technique du courtier, qui sera appelé à mener les études de faisabilité relatives à la création de la captive, de façon à rassurer son client sur sa viabilité technique et financière.
Il devra également, mettre au point un plan de réassurance adapté et en négocier les conditions de placement auprès des réassureurs.

TRANSFERT DU RISQUE

L’option de transfert du risque amène à faire un choix raisonné entre le transfert vers l’assureur ou le transfert vers une tierce entité.
Dans l’hypothèse du transfert vers l’assureur, celui-ci s’en tiendra aux règles de mutualisation des risques prévalant en la matière, lesquelles débouchent sur la détermination d’un coût du risque jugé raisonnable, car calé sur l’approche par la fréquence et le coût moyen des sinistres, qui autorise une fixation objective du taux applicable.

S’agissant du transfert vers une tierce entité, le risk manager privilégie dans cette option, l’atténuation des risques par le réaménagement et la renégociation de certains des contrats souscrits, de façon à exonérer l’assuré de certaines des responsabilités qui étaient à sa charge.  Au fur et à mesure de l’élargissement de ses missions, le courtier court davantage le risques de causer des préjudices, tant à ses clients (mandants) qu’aux compagnies partenaires, dont les attentes grandissantes, les rendent de plus en plus exigeants.

Le courtier Risk-Manager a aussi d’autres missions importantes en plus de celles indiquées ci-dessus à savoir :
  • Le diagnostic des besoins de couverture du client et l’aide à la souscription,
  • La détermination de la meilleure formule de garantie, et le placement du risque auprès d’une compagnie présentant l’offre la plus compétitive,
  • La négociation des conditions de couverture, la conclusion du contrat en plus d’en assurer la gestion.
Considéré à tort comme mandataire exclusif de l’assuré, le courtier n’en est pas moins dans certains cas spécifiques, mandataire de la compagnie, qui peut être amenée à lui confier plusieurs missions, dont celles citées ci-après :
  • La mission d’encaissement de la prime, de délivrance des attestations d’assurance et de la quittance de paiement,
  • La mission de gestion du contrat et des sinistres sur base d’une délégation de gestion, assortie de pouvoirs bien encadrés, notamment des autorisations plafonnées.
 
Ainsi doublement mandaté à la fois par l’assuré et l’assureur, le courtier est tenu au respect des engagements contractuels consignés dans les conventions qu’il a conclues avec eux, d’où l’obligation qui lui incombe de devoir répondre :
  •  de l’inexécution  ou de l’exécution imparfaite de ses obligations contractuelles,
  • du non-respect des pouvoirs ressortant des conventions conclues, notamment pour avoir outrepassé les pouvoirs qui lui sont conférés,
  • de la non observation des règles et normes consacrées dans la profession.
 
Il convient toutefois de souligner que le rôle de Risk-manager est incarné de plus en plus, par des courtiers devenus très entreprenants, il n’en demeure pas moins que, la plupart des grosses firmes sont souvent amenés à recruter leurs propres Risk-manager qui sont chargés du pilotage de l’élaboration et de la mise en œuvre des programmes de couverture des groupes, dont ils relèvent, en collaboration avec les courtiers locaux.
Lejecos Magazine
 
 
 
Assurance


Nouveau commentaire :

Assurance | Environnement | Energie | BRVM | Santé | NTIC | Transport | Tourisme & Pêche | Agriculture & Elevage | Commerce | Education




En kiosque.














Inscription à la newsletter