Une semaine après l'irruption d'une effrayante boule de feu dans la nuit de Tianjin, la crainte d'une catastrophe chimique plane toujours sur la métropole du nord-est de la Chine. Le niveau de concentration de cyanure était 28 fois au-dessus des normes, sur certains échantillons d'eau récoltés au cœur de la zone dévastée par deux terribles explosions. Ce composant chimique peut dégager un gaz asphyxiant mortel au contact de l'eau selon les scientifiques américains. La majorité des 13 millions d'habitants de l'agglomération restent calmes, faisant confiance au régime, qui affirme que l'air y est « respirable ». Certains reporters chinois sur place ont ressenti des brûlures et irritations sur la peau, rapporte le journal Caixin, mais aucune intoxication grave n'a été recensée en dépit des premières pluies. Tout juste une mousse blanche irritante est-elle apparue sur la chaussée.
Mais le drame qui a déjà fait 114 morts et plus de 700 blessés est une gifle pour la « Chine rouge », placée sous les projecteurs internationaux. À l'heure où la seconde économie mondiale subit un ralentissement inquiétant, l'accident met en lumière les faiblesses du « modèle chinois », dont témoigne la succession d'accidents industriels mortels qui ont eu lieu depuis un an. En août 2014 déjà, 146 personnes étaient tuées dans l'explosion d'une usine de pièces automobiles à Kunshan, à une heure de Shanghai.
On note également l'impréparation des jeunes pompiers, qui sont des dizaines à avoir perdu la vie dans le drame. Ces derniers seraient malgré eux à l'origine des deux explosions phénoménales qui ont soufflé les vitres sur 3 kilomètres à la ronde, le 12 août dernier. Ils ont en effet arrosé des matières chimiques pourtant répertoriées comme inflammables et explosives au contact de... l'eau. Un scénario-catastrophe qui aurait pu être évité grâce à une formation en amont, comme l'explique un pompier rescapé au journal de Canton Nanfang. Son témoignage a été censuré, tout comme plus de 300 comptes et 50 sites web qui ont été fermés par les censeurs, qui les accusent de colporter des « rumeurs ».
Le manque de transparence des autorités est la norme en Chine, mais cette fois, elle a été pointée du doigt, même par les médias officiels. Le Global Times, quotidien nationaliste contrôlé par le Parti, a appelé les dirigeants municipaux à répondre aux questions des journalistes.
La catastrophe de Tianjin tout comme la pollution endémique des grandes métropoles font grimper les exigences des nouvelles générations chinoises, compliquant la tâche du régime. Un défi supplémentaire pour le président Xi Jinping, le dirigeant chinois le plus puissant et populaire depuis Deng Xiaoping. La gestion de ce drame et les leçons qu'il en tirera pèseront sur la suite de son mandat, et la réalisation de son mot d'ordre, « le rêve chinois ».
LePoint.fr
Mais le drame qui a déjà fait 114 morts et plus de 700 blessés est une gifle pour la « Chine rouge », placée sous les projecteurs internationaux. À l'heure où la seconde économie mondiale subit un ralentissement inquiétant, l'accident met en lumière les faiblesses du « modèle chinois », dont témoigne la succession d'accidents industriels mortels qui ont eu lieu depuis un an. En août 2014 déjà, 146 personnes étaient tuées dans l'explosion d'une usine de pièces automobiles à Kunshan, à une heure de Shanghai.
Négligence ou corruption ?
Ces catastrophes pointent en effet des problèmes récurrents. D'abord en matière de normes non respectées. L'entreprise Ruhai Logistics, qui abritait des tonnes de produits dangereux, est installée à 560 mètres d'immeubles d'habitation, dont les occupants évacués réclament aujourd'hui compensation. La réglementation interdit en effet d'établir un entrepôt de matières dangereuses à moins d'un kilomètre de zones habitées. 700 tonnes de cyanure y étaient entreposées, soit 29 fois la quantité réglementaire de 24 tonnes. Négligence ou corruption ? L'un des propriétaires de l'ombre, Dong Shexuan, qui possède 45 % de l'entreprise, grâce à un montage opaque, n'est autre que le fils de l'ex-patron de la sécurité du port de Tianjin !On note également l'impréparation des jeunes pompiers, qui sont des dizaines à avoir perdu la vie dans le drame. Ces derniers seraient malgré eux à l'origine des deux explosions phénoménales qui ont soufflé les vitres sur 3 kilomètres à la ronde, le 12 août dernier. Ils ont en effet arrosé des matières chimiques pourtant répertoriées comme inflammables et explosives au contact de... l'eau. Un scénario-catastrophe qui aurait pu être évité grâce à une formation en amont, comme l'explique un pompier rescapé au journal de Canton Nanfang. Son témoignage a été censuré, tout comme plus de 300 comptes et 50 sites web qui ont été fermés par les censeurs, qui les accusent de colporter des « rumeurs ».
Le manque de transparence des autorités est la norme en Chine, mais cette fois, elle a été pointée du doigt, même par les médias officiels. Le Global Times, quotidien nationaliste contrôlé par le Parti, a appelé les dirigeants municipaux à répondre aux questions des journalistes.
« La Chine doit tirer les leçons de l'explosion »
Signe de nervosité, les médias officiels montent maintenant au créneau pour défendre le « modèle chinois » face aux critiques occidentales. Dans un éditorial, leGlobal Times souligne que la tragédie a déclenché une phase de réflexion nationale. « Aujourd'hui, la Chine doit tirer les leçons de l'explosion, non seulement en matière de technologie mais aussi de gouvernance de la société », estime le quotidien. Avant de lancer la contre-attaque, à l'heure où la planète est saisie par le doute face aux clignotants inquiétants de l'économie chinoise. « La nation fait face aujourd'hui à une variété de problèmes, mais y a-t-il beaucoup de personnes qui regrettent de vivre ici, et aujourd'hui ? » lance le journal. Une façon de remettre en perspective le drame dans l'extraordinaire bond en avant opéré par la Chine depuis trois décennies. Et de rappeler le pacte latent passé entre le régime et sa population, toujours en vigueur : le développement en échange de sa docilité politique.La catastrophe de Tianjin tout comme la pollution endémique des grandes métropoles font grimper les exigences des nouvelles générations chinoises, compliquant la tâche du régime. Un défi supplémentaire pour le président Xi Jinping, le dirigeant chinois le plus puissant et populaire depuis Deng Xiaoping. La gestion de ce drame et les leçons qu'il en tirera pèseront sur la suite de son mandat, et la réalisation de son mot d'ordre, « le rêve chinois ».
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