Dr Dieng, souvent, il est fait état de la performance, de l’efficience et de l’efficacité des marchés financiers. Existe-t-il une différence conceptuelle ? Le cas échéant, existe-t-il des complémentarités ?
Dans les marchés financiers, la performance retranscrit l’évolution relative du cours d’un titre ou d’un indice entre deux dates. Il convient de préciser que cette performance peut être positive (dans le vert) ou négative (dans le rouge).
Le théoricien de l’efficience des marchés financier est Eugène Fama (prix Nobel d’économie). Il classifie l’efficience selon trois degrés (efficience forte, efficience semi-forte et efficience faible). Les marchés sont efficients au regard de trois dimensions interdépendantes que sont l’efficience allocative ou allocation optimale des ressources (capacité d’orienter les flux d’épargne vers les meilleurs projets d’investissement), l’efficience opérationnelle ou organisationnelle (mise en relation, de manière satisfaisante, des offreurs et des demandeurs de capitaux au coût le plus faible) et l’efficience informationnelle (les informations concernant chaque actif financier coté sont immédiatement intégrées sur le prix de cet actif).
L’efficience assure l’efficacité qui traduit un alignement du prix des actifs sur leur valeur fondamentale.
Quels sont les principaux facteurs qui pourraient influencer l’attractivité et la performance d’un marché financier ?
La particularité du marché financier régional (Mfr) est qu’il est exclusivement dominé par les investisseurs institutionnels « zinzins » particulièrement les banques et établissements financiers qui détiennent plus de 90% des portefeuilles. Le vrai défi des autorités pour son attractivité est le développement de la culture boursière au sein de la population. Cette attractivité passe aussi par d’autres canaux notamment :
Dans les marchés financiers, la performance retranscrit l’évolution relative du cours d’un titre ou d’un indice entre deux dates. Il convient de préciser que cette performance peut être positive (dans le vert) ou négative (dans le rouge).
Le théoricien de l’efficience des marchés financier est Eugène Fama (prix Nobel d’économie). Il classifie l’efficience selon trois degrés (efficience forte, efficience semi-forte et efficience faible). Les marchés sont efficients au regard de trois dimensions interdépendantes que sont l’efficience allocative ou allocation optimale des ressources (capacité d’orienter les flux d’épargne vers les meilleurs projets d’investissement), l’efficience opérationnelle ou organisationnelle (mise en relation, de manière satisfaisante, des offreurs et des demandeurs de capitaux au coût le plus faible) et l’efficience informationnelle (les informations concernant chaque actif financier coté sont immédiatement intégrées sur le prix de cet actif).
L’efficience assure l’efficacité qui traduit un alignement du prix des actifs sur leur valeur fondamentale.
Quels sont les principaux facteurs qui pourraient influencer l’attractivité et la performance d’un marché financier ?
La particularité du marché financier régional (Mfr) est qu’il est exclusivement dominé par les investisseurs institutionnels « zinzins » particulièrement les banques et établissements financiers qui détiennent plus de 90% des portefeuilles. Le vrai défi des autorités pour son attractivité est le développement de la culture boursière au sein de la population. Cette attractivité passe aussi par d’autres canaux notamment :
- Le développement des organismes de placement collectif en valeurs mobilières (Opcvm) d’une part, le développement des partenariats entre les sociétés de gestion et d’intermédiation (Sgi) et les banques pour la commercialisation et la vulgarisation des produits financiers au niveau des particuliers, d’autre part, et enfin, le développement des produits islamiques Charia-compatibles (Sukuk), car la population de l’Uemoa est composée à plus de 70% de musulmans.
En revanche, la marge de manœuvre des autorités est limitée voire inexistante pour influer sur la performance. Cette dernière est expliquée par un facteur interne (la santé de l’entité) et des facteurs externes (chocs négatifs, facteurs psychologique…)
Quelle appréciation pouvons-nous faire de la situation actuelle du marché de l’Uemoa en termes de liquidité et d’approfondissement ? Les politiques et les mesures prises par les autorités pour améliorer l'efficacité du marché s’avèrent -elles efficaces ? Quels en sont les principaux défis à relever ?
Le Mfr a fait des pas de géant sur bien des aspects, comme la capitalisation boursière, la levée de fonds, et les innovations financières (sukuk, diaspora bonds, fonds communs de placement)). Malheureusement il est resté à l’état embryonnaire sur les introductions des sociétés en bourse (39 en 1998 et à peine 46 en 2024). La liquidité constitue le frein majeur au développement du Mfr, puisque le turnover des titres (valeur des transactions sur la capitalisation boursière ne dépasse pas 2%. Cette situation s’explique par la configuration du marché qui est dominée par les zinzins, dont leur stratégie est le « buy and hold » c’est-à-dire acheter et garder.
Les autorités notamment l’Amf-Umoa avait entrepris une série de mesures pour améliorer l'efficacité du marché, dont la plus importante était la création du compartiment Pme, car les conditions actuelles d’entrée sur le marché sont infranchissables pour la plupart des Pme qui représentent plus de 90% du tissu économique de l’Uemoa. A titre d’exemple on dénombre 3 sociétés cotées au Burkina Faso, 3 au Sénégal, au Mali 1, au Niger 1, au Togo 2, Bénin 1 et le reste sont des sociétés ivoiriennes. En somme, les politiques et mesures entreprises n’ont pas eu les résultats escomptés.
Quelles sont les recommandations à édicter pour renforcer l'efficacité et la performance du marché financier de l’Uemoa?
Parmi les recommandations qui vont dans le sens de renforcer l’efficacité du Mfr, on peut en citer quelques-uns notamment :
Quelle appréciation pouvons-nous faire de la situation actuelle du marché de l’Uemoa en termes de liquidité et d’approfondissement ? Les politiques et les mesures prises par les autorités pour améliorer l'efficacité du marché s’avèrent -elles efficaces ? Quels en sont les principaux défis à relever ?
Le Mfr a fait des pas de géant sur bien des aspects, comme la capitalisation boursière, la levée de fonds, et les innovations financières (sukuk, diaspora bonds, fonds communs de placement)). Malheureusement il est resté à l’état embryonnaire sur les introductions des sociétés en bourse (39 en 1998 et à peine 46 en 2024). La liquidité constitue le frein majeur au développement du Mfr, puisque le turnover des titres (valeur des transactions sur la capitalisation boursière ne dépasse pas 2%. Cette situation s’explique par la configuration du marché qui est dominée par les zinzins, dont leur stratégie est le « buy and hold » c’est-à-dire acheter et garder.
Les autorités notamment l’Amf-Umoa avait entrepris une série de mesures pour améliorer l'efficacité du marché, dont la plus importante était la création du compartiment Pme, car les conditions actuelles d’entrée sur le marché sont infranchissables pour la plupart des Pme qui représentent plus de 90% du tissu économique de l’Uemoa. A titre d’exemple on dénombre 3 sociétés cotées au Burkina Faso, 3 au Sénégal, au Mali 1, au Niger 1, au Togo 2, Bénin 1 et le reste sont des sociétés ivoiriennes. En somme, les politiques et mesures entreprises n’ont pas eu les résultats escomptés.
Quelles sont les recommandations à édicter pour renforcer l'efficacité et la performance du marché financier de l’Uemoa?
Parmi les recommandations qui vont dans le sens de renforcer l’efficacité du Mfr, on peut en citer quelques-uns notamment :
- Augmenter la profondeur du marché, principalement en élargissant la gamme des supports d’investissement, et en développant la culture boursière ;
- Réduire la concentration (plus de 80% sont des sociétés ivoiriennes, les sociétés de l’indice Brvm 10 représente plus de 80% de la capitalisation boursière, Sonatel et Ecobank capitalisent plus de 60% du marché) qui est un facteur de risque énorme qui limite les investissements de portefeuille en provenance de l’étranger ;
- Mettre en place de manière effective un compartiment Pme rendant accessible la bourse à un grand nombre de société ;
- Développer le marché des obligations municipales pour une meilleure appropriation des émissions par les populations et les collectivités territoriale ;
- Renforcer l’ingénierie financière des produits financiers islamiques.
Concernant la performance, les mesures doivent se prendre en amont en renforçant le filtrage à l’entrée, en vue de sélectionner les sociétés à fort potentiel de croissance. La disponibilité de l’information, la sécurité et la transparence sont aussi des paramètres qui peuvent impacter positivement la performance.
Le marché des Titres publics (Mtp) est un segment du marché financier de l’Uemoa qui semble peu ordinaire. En dehors des atouts, quelles sont les contraintes auxquels font face les Etats de l’Union et plus particulièrement le Sénégal dans les opérations d’adjudication et d’émissions de titres publics ?
Il faut préciser que le marché des Titres publics (Mtp) est le segment le plus important du marché financier de l’Uemoa avec les bons du trésor (financement à court terme) et les obligations du trésor (financement à long terme). D’aucuns disent même que l’Etat exerce un effet d’éviction sur le marché. Ces émissions ont été d’une importance capitale pour les Etats dans le financement de leur déficit public et des infrastructures. Les contraintes qui guettent la plupart des Etats de l’Uemoa c’est « l’effet Ponzi » c’est-à-dire s’endetter pour rembourser une dette antérieure (soul boukki souli boukki).
La qualité de signature (risque pays) d’un pays impacte sur le dynamisme du marché des titres publics ? Pour le cas du Sénégal, quel constat pourrait-on relever en analysant la dynamique des opérations de mobilisation des ressources collectées sur le Mtp depuis bientôt un an ?
La signature ou notation donne une appréciation de risque de défaut de l’émetteur. Sa dégradation a pour effet d’augmenter le taux d’intérêt de la dette, à travers une appréciation de la prime de risque. Pendant longtemps, les agences de rating prenaient des paramètres quantitatifs comme variables explicatives dans leurs modèles de scoring. Ces dernières années d’autres variables qualitatives comme la bonne gouvernance, la stabilité politique sont prises en compte. Par conséquent, les événements qu’a traversé le Sénégal depuis 2021 ont impacté négativement la dynamique des opérations de mobilisation des ressources collectées particulièrement sur le segment des émissions internationales avec les eurobonds.
Récemment, les autorités du marché financier envisagent la création d’un marché des produits dérivés. Si l’on compare à des expériences réussies, quels seraient les facteurs clés de succès d’un tel marché pour notre zone ?
Les produits dérivés comme son nom l’indique ne sont pas des actifs supports (sous-jacents), mais plutôt des contrats de protection. En dehors du hedging (couverture), on peut les utiliser pour d’autres motifs comme l’arbitrage et la spéculation. Les produits dérivés sont des produits financiers d’une grande technicité qui requièrent en premier lieu d’avoir des ressources humaines capables de pricer les cours et de gérer les positions à temps réel. Le développement de ce marché passera aussi par le développement dans la culture du risque au sein des acteurs du marché.
Lejecos Magazine
Le marché des Titres publics (Mtp) est un segment du marché financier de l’Uemoa qui semble peu ordinaire. En dehors des atouts, quelles sont les contraintes auxquels font face les Etats de l’Union et plus particulièrement le Sénégal dans les opérations d’adjudication et d’émissions de titres publics ?
Il faut préciser que le marché des Titres publics (Mtp) est le segment le plus important du marché financier de l’Uemoa avec les bons du trésor (financement à court terme) et les obligations du trésor (financement à long terme). D’aucuns disent même que l’Etat exerce un effet d’éviction sur le marché. Ces émissions ont été d’une importance capitale pour les Etats dans le financement de leur déficit public et des infrastructures. Les contraintes qui guettent la plupart des Etats de l’Uemoa c’est « l’effet Ponzi » c’est-à-dire s’endetter pour rembourser une dette antérieure (soul boukki souli boukki).
La qualité de signature (risque pays) d’un pays impacte sur le dynamisme du marché des titres publics ? Pour le cas du Sénégal, quel constat pourrait-on relever en analysant la dynamique des opérations de mobilisation des ressources collectées sur le Mtp depuis bientôt un an ?
La signature ou notation donne une appréciation de risque de défaut de l’émetteur. Sa dégradation a pour effet d’augmenter le taux d’intérêt de la dette, à travers une appréciation de la prime de risque. Pendant longtemps, les agences de rating prenaient des paramètres quantitatifs comme variables explicatives dans leurs modèles de scoring. Ces dernières années d’autres variables qualitatives comme la bonne gouvernance, la stabilité politique sont prises en compte. Par conséquent, les événements qu’a traversé le Sénégal depuis 2021 ont impacté négativement la dynamique des opérations de mobilisation des ressources collectées particulièrement sur le segment des émissions internationales avec les eurobonds.
Récemment, les autorités du marché financier envisagent la création d’un marché des produits dérivés. Si l’on compare à des expériences réussies, quels seraient les facteurs clés de succès d’un tel marché pour notre zone ?
Les produits dérivés comme son nom l’indique ne sont pas des actifs supports (sous-jacents), mais plutôt des contrats de protection. En dehors du hedging (couverture), on peut les utiliser pour d’autres motifs comme l’arbitrage et la spéculation. Les produits dérivés sont des produits financiers d’une grande technicité qui requièrent en premier lieu d’avoir des ressources humaines capables de pricer les cours et de gérer les positions à temps réel. Le développement de ce marché passera aussi par le développement dans la culture du risque au sein des acteurs du marché.
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