Quel est le rôle de la Délégation que vous dirigez ?
Le président Macky Sall a créé la DER en septembre 2017 pour deux raisons. La première est de répondre à un besoin criant de financement, de fonds propres, de garantie et de prise de participation pour les femmes et les jeunes entrepreneurs sénégalais. L’informel compose plus de 90% de l’économie, tandis que femmes et jeunes en forment 90%.
La seconde raison est le besoin d’accompagnement, de formation, de renforcement des capacités ainsi que la formalisation de l’économie.
Quel est le mode de fonctionnement de la DER ? Agit-elle comme un financeur ou un opérateur ?
Nous faisons les deux. D’abord avec un budget de 50 millions d’euros versé par le Trésor public que nous mettons à la disposition des jeunes et des femmes. Que ce soit sous forme de prêts, de garanties bancaires, de prises de participation dans leurs entreprises ; la plupart sont des PME et des start-up.
Nous servons de collatéral, nous facilitons l’accompagnement, la formation et le renforcement des capacités. Nous les aidons aussi à mettre en forme leurs projets et à monter des business plans pour qu’ils trouvent des débouchés. J’ai une équipe d’ingénieurs agronomes, d’informaticiens, d’artisans et d’industriels qui aident à identifier les « niches » et à accompagner la réussite des porteurs de projets. On finance et on accompagne !
Trois ans après, quel bilan tirer en matière d’actions et de réalisations ?
Nous avons commencé nos opérations le 8 mars 2018, journée de la femme. À ce jour, nous avons injecté plus de 60 milliards de F.CFA (plus de 90 millions d’euros) sous forme de prêts, de garanties et d’accompagnement financier et non-financier, dont 25 milliards pour la seule année 2020. Beaucoup de PME et de start-up ont été impactées par la crise de la Covid-19.
Nous les avons aidées à dépasser cette crise qui persiste par le rééchelonnement des remboursements, de nouveaux prêts à 0%, entre autres. Nous avons poussé à l’ouverture de plus de 80 000 comptes bancaires qui ont augmenté considérablement le taux d’inclusion financière.
Au total, sur le territoire, nous avons plus de 200 000 bénéficiaires et 15 000 TPE soutenues. Ces chiffres sont très importants pour nous : ils montrent précisément ce que nous avons pu faire en deux ans et demi. Nous n’imaginions pas faire tout cela au début et, sans nous flatter, nous pouvons nous féliciter, car nous devions obtenir des résultats mais devons faire mieux encore.
Les entrepreneurs déplorent souvent un problème de fonctionnement dû au délai entre l’octroi et le versement des prêts, causé par la bureaucratie et l’inertie de l’administration. Comment avez-vous agi sur ce sujet ?
Nous nous appelons justement la Délégation à l’entrepreunariat rapide ! L’objectif est de pouvoir tout faire en moins d’un mois, dès le moment où nous recevons la demande dématérialisée. Les jeunes et les femmes peuvent déposer leur projet en ligne sur www.der.sn ou auprès des gouverneurs dans les régions.
Leurs dossiers sont recueillis et traités par mes équipes, puis mis à la disposition des banques et des institutions de microfinance pour la mise en place des prêts afin que les projets soient réalisés dans les meilleurs délais. Voilà qui règle la question de la rapidité vis-à-vis de la bureaucratie.
Deuxième aspect, nous disposons d’instruments qui permettent aux jeunes et aux femmes de formaliser leur demande. Nous avons mis en ligne les registres du commerce et les e-NINEA (numéro d’identification national des associations et des entreprises) en relation avec les tribunaux de Grande instance et les Chambres régionales de commerce pour qu’on n’ait plus à se déplacer et faire la queue pour obtenir son inscription.
Les décaissements sont faits de façon progressive. Le premier pour l’investissement est versé deux ou trois semaines après l’approbation du prêt, le deuxième pour le fonds de roulement suit dès que le bénéficiaire apporte le justificatif de l’utilisation des ressources. Je peux affirmer que nous sommes rapides et que nous ne faisons pas dans la bureaucratie !
Quel maillage au niveau national ? Bien souvent, tout est concentré sur le Grand Dakar alors que le Sénégal a besoin d’une vision de l’aménagement de son territoire.
La DER l’a bien compris. Dès le début, nous avons voulu opérer sur l’ensemble du territoire. Nous avons utilisé les données de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie pour cela.
Je suis heureux et fier de dire aujourd’hui que les entrepreneurs des 14 régions, des 45 départements et des 552 communes du Sénégal peuvent bénéficier des financements de la DER. Bien entendu, Dakar, qui concentre 70% du PIB de l’économie nationale, reçoit entre 45% et 50% des financements.
Fort heureusement, dans un souci de territorialisation des politiques publiques et de décentralisation et d’équité sociale et territoriale, nous privilégions un système de péréquation entre les régions et départements les plus pauvres et Dakar. Cela nous permet d’atteindre une masse critique d’entrepreneurs financés dans toutes les régions du Sénégal.
Comment l’articulation se fait-elle avec les bailleurs de fonds comme la Banque mondiale et les agences de développement présentes au Sénégal ?
J’ai mené deux combats à la fois dès ma nomination en 2017. Le premier a été de rationaliser le dispositif de financement en interne avec nos partenaires.
Nous avons conclu des Memorandum of Understanding et des accords de partenariat avec des agences et structures avec lesquelles nous co-investissons. Le second a été d’ouvrir la voie de la mobilisation de ressources auprès des partenaires techniques et financiers comme la BAD, l’AFD, les USAid, la Commission européenne ou GiZ.
https://magazinedelafrique.com/
Le président Macky Sall a créé la DER en septembre 2017 pour deux raisons. La première est de répondre à un besoin criant de financement, de fonds propres, de garantie et de prise de participation pour les femmes et les jeunes entrepreneurs sénégalais. L’informel compose plus de 90% de l’économie, tandis que femmes et jeunes en forment 90%.
La seconde raison est le besoin d’accompagnement, de formation, de renforcement des capacités ainsi que la formalisation de l’économie.
Quel est le mode de fonctionnement de la DER ? Agit-elle comme un financeur ou un opérateur ?
Nous faisons les deux. D’abord avec un budget de 50 millions d’euros versé par le Trésor public que nous mettons à la disposition des jeunes et des femmes. Que ce soit sous forme de prêts, de garanties bancaires, de prises de participation dans leurs entreprises ; la plupart sont des PME et des start-up.
Nous servons de collatéral, nous facilitons l’accompagnement, la formation et le renforcement des capacités. Nous les aidons aussi à mettre en forme leurs projets et à monter des business plans pour qu’ils trouvent des débouchés. J’ai une équipe d’ingénieurs agronomes, d’informaticiens, d’artisans et d’industriels qui aident à identifier les « niches » et à accompagner la réussite des porteurs de projets. On finance et on accompagne !
Trois ans après, quel bilan tirer en matière d’actions et de réalisations ?
Nous avons commencé nos opérations le 8 mars 2018, journée de la femme. À ce jour, nous avons injecté plus de 60 milliards de F.CFA (plus de 90 millions d’euros) sous forme de prêts, de garanties et d’accompagnement financier et non-financier, dont 25 milliards pour la seule année 2020. Beaucoup de PME et de start-up ont été impactées par la crise de la Covid-19.
Nous les avons aidées à dépasser cette crise qui persiste par le rééchelonnement des remboursements, de nouveaux prêts à 0%, entre autres. Nous avons poussé à l’ouverture de plus de 80 000 comptes bancaires qui ont augmenté considérablement le taux d’inclusion financière.
Au total, sur le territoire, nous avons plus de 200 000 bénéficiaires et 15 000 TPE soutenues. Ces chiffres sont très importants pour nous : ils montrent précisément ce que nous avons pu faire en deux ans et demi. Nous n’imaginions pas faire tout cela au début et, sans nous flatter, nous pouvons nous féliciter, car nous devions obtenir des résultats mais devons faire mieux encore.
Les entrepreneurs déplorent souvent un problème de fonctionnement dû au délai entre l’octroi et le versement des prêts, causé par la bureaucratie et l’inertie de l’administration. Comment avez-vous agi sur ce sujet ?
Nous nous appelons justement la Délégation à l’entrepreunariat rapide ! L’objectif est de pouvoir tout faire en moins d’un mois, dès le moment où nous recevons la demande dématérialisée. Les jeunes et les femmes peuvent déposer leur projet en ligne sur www.der.sn ou auprès des gouverneurs dans les régions.
Leurs dossiers sont recueillis et traités par mes équipes, puis mis à la disposition des banques et des institutions de microfinance pour la mise en place des prêts afin que les projets soient réalisés dans les meilleurs délais. Voilà qui règle la question de la rapidité vis-à-vis de la bureaucratie.
Deuxième aspect, nous disposons d’instruments qui permettent aux jeunes et aux femmes de formaliser leur demande. Nous avons mis en ligne les registres du commerce et les e-NINEA (numéro d’identification national des associations et des entreprises) en relation avec les tribunaux de Grande instance et les Chambres régionales de commerce pour qu’on n’ait plus à se déplacer et faire la queue pour obtenir son inscription.
Les décaissements sont faits de façon progressive. Le premier pour l’investissement est versé deux ou trois semaines après l’approbation du prêt, le deuxième pour le fonds de roulement suit dès que le bénéficiaire apporte le justificatif de l’utilisation des ressources. Je peux affirmer que nous sommes rapides et que nous ne faisons pas dans la bureaucratie !
Quel maillage au niveau national ? Bien souvent, tout est concentré sur le Grand Dakar alors que le Sénégal a besoin d’une vision de l’aménagement de son territoire.
La DER l’a bien compris. Dès le début, nous avons voulu opérer sur l’ensemble du territoire. Nous avons utilisé les données de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie pour cela.
Je suis heureux et fier de dire aujourd’hui que les entrepreneurs des 14 régions, des 45 départements et des 552 communes du Sénégal peuvent bénéficier des financements de la DER. Bien entendu, Dakar, qui concentre 70% du PIB de l’économie nationale, reçoit entre 45% et 50% des financements.
Fort heureusement, dans un souci de territorialisation des politiques publiques et de décentralisation et d’équité sociale et territoriale, nous privilégions un système de péréquation entre les régions et départements les plus pauvres et Dakar. Cela nous permet d’atteindre une masse critique d’entrepreneurs financés dans toutes les régions du Sénégal.
Comment l’articulation se fait-elle avec les bailleurs de fonds comme la Banque mondiale et les agences de développement présentes au Sénégal ?
J’ai mené deux combats à la fois dès ma nomination en 2017. Le premier a été de rationaliser le dispositif de financement en interne avec nos partenaires.
Nous avons conclu des Memorandum of Understanding et des accords de partenariat avec des agences et structures avec lesquelles nous co-investissons. Le second a été d’ouvrir la voie de la mobilisation de ressources auprès des partenaires techniques et financiers comme la BAD, l’AFD, les USAid, la Commission européenne ou GiZ.
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