Un an après, cette fois à Dubaï en décembre 2023, à l’occasion de la COP28, les pays occidentaux reviennent à la charge, pour l’arrêt de l’exploitation des énergies fossiles notamment le gaz. Pas moins de 2456 lobbys des énergies fossiles s’y sont donnés rendez-vous pour signer l’arrêt de mort des énergies fossiles, accusées de tous les maux de la terre. Quelle hypocrisie !
Depuis le début de la guerre en Ukraine, les pays européens ont pourtant montré un intérêt renouvelé pour la question de la sécurité énergétique, notamment en ce qui concerne l'utilisation des combustibles fossiles. L'Allemagne a par exemple commencé à rallumer des centrales à charbon dont la fermeture était initialement prévue, tandis que la Norvège, le Royaume-Uni et les États-Unis ont tous commencé à augmenter la production de pétrole et de gaz.
L’Allemagne, elle-même, a entamé, en 2022, des discussions avec le Sénégal sur le financement offshore de gisements de gaz. Le chancelier allemand Olaf Scholz, alors en tournée en Afrique, avait même déclaré : « Nous ne pouvons pas accepter qu'on empêche quelques pays dans le monde d'exploiter leurs possibilités, parce qu'ils n'avaient pas les capacités financières de le faire ou parce qu'ils n'en avaient pas encore eu l'occasion ».
L'Italie a conclu des accords gaziers avec l'Algérie, l'Angola, l'Égypte et la République du Congo, afin de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie.
En réalité, les pays occidentaux, qui sont largement dépendants du gaz russe, sont mus par une inquiétude pour leur propre sécurité énergétique. Pourtant, en 2021 lors de la conférence de Glasgow sur le climat (COP26), une vingtaine d'États dont les États-Unis et la France s’étaient engagés à mettre un terme en 2022 au financement à l'étranger de projets d'énergies fossiles sans techniques de capture du carbone.
En dépit des déclarations et autres engagements tonitruants, pris à l’époque, la situation dans chaque pays ramène à la réalité sur le terrain. Ainsi, les dirigeants occidentaux poussent l’OPEP (Organisation des pays producteurs de pétrole) en toute discrétion, à produire du pétrole et font pression pour augmenter leur propre production et l’utilisation du charbon.
Le Japon quant à lui, veut bien, concernant le charbon l’« assainir», mais pas l’abandonner. Le pays du «Soleil levant» expérimente aujourd’hui plusieurs techniques prétendument censées lui permettre à la fois d’honorer ses obligations écologiques, de vendre ses technologies, et de sauver ses industriels.
Le mépris de l’Occident vis-à-vis de l’industrie énergétique africaine considérant qu’elle est basée sur les combustibles fossiles, quand bien-même la part des énergies renouvelables y est en augmentation, est flagrant. Les raisons avancées pour alerter sur la menace climatique pour orienter les projecteurs sur les pays africains producteurs, sont fallacieuses. En effet, les chercheurs estiment que si le milliard de personnes vivant en Afrique subsaharienne triplait son électricité en utilisant du gaz naturel, les émissions supplémentaires ne représenteraient que 0,62 % du dioxyde de carbone mondial. La consommation d’énergie sur le continent est si faible que l’Africain moyen consomme moins d’électricité par an que le réfrigérateur d’une famille américaine entière.
Le Renouvelable, oui, le gaz certainement
La sécurité énergétique et le bien-être économique sont des besoins universels, et ne sauraient être le privilège des occidentaux. Insister sur une position rigide du tout ou rien pour aller vers la transition énergétique, l’agenda vert, ou plutôt le « colonialisme vert » des occidentaux, serait contre-productif. Car il reviendrait à occulter le rôle considérable que joue l’industrie pétrolière et gazière africaine dans la génération des revenus des pays africains. Ces revenus représentent au moins 20 % du PIB en Libye, en Algérie, au Gabon, au Tchad, en Angola et en République du Congo.
Outre les revenus en termes de recettes, il faudrait jauger d’abord les éventuels revenus économiques de la chaîne de valeur du gaz pour un pays comme le Sénégal. Comment laisser « pourrir » ces ressources fossiles sous nos pieds ?
Pourquoi imposer une alternative totale au profit de ressources renouvelables, dont les technologies sont au demeurant détenues par les pays occidentaux et dont le principal défaut pour les africains, concerne la nécessité d'un investissement initial conséquent. D’ailleurs l’essentiel des financements de ces technologies provient de ces pays dans un cycle d’endettement vicieux, et dont les rendements fluctuent en fonction de la zone d'installation, de la saison, voire des aléas climatiques.
En effet, tout le monde sait qu’un des problèmes majeurs des énergies renouvelables est relatif à leur caractère intermittent. Les jours de pluie, les panneaux solaires ne fonctionnent pas à pleine capacité et en même temps ils ne produisent aucune énergie la nuit. Les jours de temps calme, l'énergie éolienne peut être réduite à une petite fraction de sa capacité.
Pourtant en 2015, pour la première fois dans l’histoire, les pays en développement ont investi davantage que les pays industrialisés dans les énergies renouvelables. C’est ce qu’ont constaté les auteurs d’un rapport publié par le Réseau International de réflexion sur les énergies renouvelables REN21. Ces investissements ont dépassé 155,9 milliards de dollars pour développer ces énergies propres, contre 130 milliards de dollars pour les Etats dits « riches ».
Considérée comme le « vilain petit canard » en la matière et qui reste le premier pollueur au monde, la Chine est devenue le premier investisseur dans les énergies renouvelables et totalise 36% des fonds dépensés dans ce secteur. L’Inde qui a dépassé les 10 milliards de dollars, investit essentiellement dans le développement de la filière solaire et éolienne.
Mieux, la Mauritanie, ce petit pays africain de 5 millions d’habitants, est celui qui, au monde, a alloué la plus importante part de son PIB aux énergies renouvelables, selon ledit rapport. Quant au Sénégal, ces douze dernières années, il a fait des efforts considérables dans le domaine des énergies renouvelables qui atteignent aujourd’hui plus de 33% de son mix énergétique. Autant dire que sans le gaz, Senelec continuera de produire très cher le courant qu’il ne pourra pas vendre moins cher. La transition énergétique se fera avec du renouvelable, mais aussi et surtout avec le gaz naturel.
Lejecos Magazine
Depuis le début de la guerre en Ukraine, les pays européens ont pourtant montré un intérêt renouvelé pour la question de la sécurité énergétique, notamment en ce qui concerne l'utilisation des combustibles fossiles. L'Allemagne a par exemple commencé à rallumer des centrales à charbon dont la fermeture était initialement prévue, tandis que la Norvège, le Royaume-Uni et les États-Unis ont tous commencé à augmenter la production de pétrole et de gaz.
L’Allemagne, elle-même, a entamé, en 2022, des discussions avec le Sénégal sur le financement offshore de gisements de gaz. Le chancelier allemand Olaf Scholz, alors en tournée en Afrique, avait même déclaré : « Nous ne pouvons pas accepter qu'on empêche quelques pays dans le monde d'exploiter leurs possibilités, parce qu'ils n'avaient pas les capacités financières de le faire ou parce qu'ils n'en avaient pas encore eu l'occasion ».
L'Italie a conclu des accords gaziers avec l'Algérie, l'Angola, l'Égypte et la République du Congo, afin de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie.
En réalité, les pays occidentaux, qui sont largement dépendants du gaz russe, sont mus par une inquiétude pour leur propre sécurité énergétique. Pourtant, en 2021 lors de la conférence de Glasgow sur le climat (COP26), une vingtaine d'États dont les États-Unis et la France s’étaient engagés à mettre un terme en 2022 au financement à l'étranger de projets d'énergies fossiles sans techniques de capture du carbone.
En dépit des déclarations et autres engagements tonitruants, pris à l’époque, la situation dans chaque pays ramène à la réalité sur le terrain. Ainsi, les dirigeants occidentaux poussent l’OPEP (Organisation des pays producteurs de pétrole) en toute discrétion, à produire du pétrole et font pression pour augmenter leur propre production et l’utilisation du charbon.
Le Japon quant à lui, veut bien, concernant le charbon l’« assainir», mais pas l’abandonner. Le pays du «Soleil levant» expérimente aujourd’hui plusieurs techniques prétendument censées lui permettre à la fois d’honorer ses obligations écologiques, de vendre ses technologies, et de sauver ses industriels.
Le mépris de l’Occident vis-à-vis de l’industrie énergétique africaine considérant qu’elle est basée sur les combustibles fossiles, quand bien-même la part des énergies renouvelables y est en augmentation, est flagrant. Les raisons avancées pour alerter sur la menace climatique pour orienter les projecteurs sur les pays africains producteurs, sont fallacieuses. En effet, les chercheurs estiment que si le milliard de personnes vivant en Afrique subsaharienne triplait son électricité en utilisant du gaz naturel, les émissions supplémentaires ne représenteraient que 0,62 % du dioxyde de carbone mondial. La consommation d’énergie sur le continent est si faible que l’Africain moyen consomme moins d’électricité par an que le réfrigérateur d’une famille américaine entière.
Le Renouvelable, oui, le gaz certainement
La sécurité énergétique et le bien-être économique sont des besoins universels, et ne sauraient être le privilège des occidentaux. Insister sur une position rigide du tout ou rien pour aller vers la transition énergétique, l’agenda vert, ou plutôt le « colonialisme vert » des occidentaux, serait contre-productif. Car il reviendrait à occulter le rôle considérable que joue l’industrie pétrolière et gazière africaine dans la génération des revenus des pays africains. Ces revenus représentent au moins 20 % du PIB en Libye, en Algérie, au Gabon, au Tchad, en Angola et en République du Congo.
Outre les revenus en termes de recettes, il faudrait jauger d’abord les éventuels revenus économiques de la chaîne de valeur du gaz pour un pays comme le Sénégal. Comment laisser « pourrir » ces ressources fossiles sous nos pieds ?
Pourquoi imposer une alternative totale au profit de ressources renouvelables, dont les technologies sont au demeurant détenues par les pays occidentaux et dont le principal défaut pour les africains, concerne la nécessité d'un investissement initial conséquent. D’ailleurs l’essentiel des financements de ces technologies provient de ces pays dans un cycle d’endettement vicieux, et dont les rendements fluctuent en fonction de la zone d'installation, de la saison, voire des aléas climatiques.
En effet, tout le monde sait qu’un des problèmes majeurs des énergies renouvelables est relatif à leur caractère intermittent. Les jours de pluie, les panneaux solaires ne fonctionnent pas à pleine capacité et en même temps ils ne produisent aucune énergie la nuit. Les jours de temps calme, l'énergie éolienne peut être réduite à une petite fraction de sa capacité.
Pourtant en 2015, pour la première fois dans l’histoire, les pays en développement ont investi davantage que les pays industrialisés dans les énergies renouvelables. C’est ce qu’ont constaté les auteurs d’un rapport publié par le Réseau International de réflexion sur les énergies renouvelables REN21. Ces investissements ont dépassé 155,9 milliards de dollars pour développer ces énergies propres, contre 130 milliards de dollars pour les Etats dits « riches ».
Considérée comme le « vilain petit canard » en la matière et qui reste le premier pollueur au monde, la Chine est devenue le premier investisseur dans les énergies renouvelables et totalise 36% des fonds dépensés dans ce secteur. L’Inde qui a dépassé les 10 milliards de dollars, investit essentiellement dans le développement de la filière solaire et éolienne.
Mieux, la Mauritanie, ce petit pays africain de 5 millions d’habitants, est celui qui, au monde, a alloué la plus importante part de son PIB aux énergies renouvelables, selon ledit rapport. Quant au Sénégal, ces douze dernières années, il a fait des efforts considérables dans le domaine des énergies renouvelables qui atteignent aujourd’hui plus de 33% de son mix énergétique. Autant dire que sans le gaz, Senelec continuera de produire très cher le courant qu’il ne pourra pas vendre moins cher. La transition énergétique se fera avec du renouvelable, mais aussi et surtout avec le gaz naturel.
Lejecos Magazine